Erasme, prêtre et grand voyageur (Angleterre, Italie, Pays-Bas, Suisse) a pour oeuvre la plus célèbre L'éloge de la folie, basée sur une prosopopée, où la déesse de la folie se moque des théologiens, des courtisans et du clergé. Il est nommé précepteur du futur Charles Quint, futur empereur du Saint-Empire romain germanique. C'est à cette occasion qu'il rédige L'institution du prince chrétien dont est tiré ce passage. Sur quoi l'auteur construit-il sa réflexion humaniste sur le pouvoir ? Nous verrons qu'il s'appuie sur ce qui oppose catégoriquement tyran et bon roi : d'une part le mode de gouvernance et d'autre part, la vertu dont le premier manque et qui guide le second (...)
[...] Il y affirme en effet que tous les moyens sont bons pour maintenir la grandeur du souverain qui doit miser sur la crainte qu'il inspire à ses sujets plutôt que sur l'amour qu'ils lui portent. Mais là où Erasme rejoint Machiavel, c'est qu'en ces temps troublés de luttes pour le pouvoir et de guerres de religion, les humanistes souhaitent le renforcement de l'Etat. * Une prosopopée est une figure de rhétorique qui consiste à faire parler une personne morte ou absente, un animal, une chose personnifiée ou encore une abstraction. [...]
[...] Transition : A ces modes d'administration politique complètement contradictoires, correspondent également deux caractères contraires : l'un profondément égoïste, l'autre moralement vertueux. II- Une moralité opposée : Egoïsme du tyran : La formule restrictive "ne que" souligne à la fois l'égocentrisme du tyran aux lignes 2 et 3 et le fait que le vrai roi se donne au service de sa fonction aux lignes 4 et 5. A la vertu morale du "bon roi" s'oppose l'égoïsme du tyran dont le calcul intéressé est mis en relief dans les locutions, respectivement conjonctive de subordination et prépositionnelle, de but "pour que" et "afin de" (l8). [...]
[...] En effet, il prône l'orientation du monarque vers le bonheur, la "liberté" (l14-15) et l'élévation morale du peuple. Il a également le souci de l'égalité puisque la "propre richesse" (l11) du roi passe par celle du peuple. Ainsi, sous son administration, le peuple est constitué de "citoyens" (l10) c'est-à-dire de personnes qui participent à la vie de la cité que Erasme oppose aux "sujets" du tyran. Le roi est également humaniste par ses vertus chrétiennes : le titre souligne que le vrai prince est chrétien car juste et tempérant. [...]
[...] C'est à cette occasion qu'il rédige L'institution du prince chrétien dont est tiré ce passage. Sur quoi l'auteur construit-il sa réflexion humaniste sur le pouvoir ? Nous verrons qu'il s'appuie sur ce qui oppose catégoriquement tyran et bon roi : d'une part le mode de gouvernance et d'autre part, la vertu dont le premier manque et qui guide le second. Deux modes de gouvernance : Vision manichéenne : L'argumentation d'Erasme est construite sur la figure de style de l'antithèse qui lui permet d'opposer le "tyran" (l1-5-15) au "vrai roi" 9-10-14-17). [...]
[...] Ainsi, seulement une petite partie du peuple, "les plus vils" se partage une grande partie des biens de l'Etat tyrannique. Le bon roi lui, partage ses richesses avec tous ses sujets. De plus, le despote ne laisse aucune liberté à ses sujets qui doivent suivre ses règles et sont totalement dépendants alors que le "vrai roi" laisse la liberté aux habitants de son royaume. Enfin, la défense personnelle de l'un est garantie par des "brigands" (l16) et des "gardes de mercenaires" (l16) quand l'autre pense que sa bienveillance y pourvoira. [...]
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