L'Ensorcelée, Les Diaboliques, La vengeance d'une femme, Barbey d'Aurevilly, reine de Saba, représentation de la femme, nature humaine, littérature
Philippe Berthier a en 1987 fait paraître L'Ensorcelée, Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly : une écriture du désir d'où est extrait un passage qui nous intéresse tout particulièrement : "Les Diaboliques, au-delà de toutes les conquêtes et avancées dont le XIXe siècle se gargarise, illustre la permanence secrète, et nocturne, d'une "nature" que rien n'a pu améliorer, nature faible, tentée et déchue, fidèle à ses instincts coupables et impossibles à amender. La modernité n'est pas moderne ; la notion même de modernité est absurde, puisque l'homme ne change pas, de toute éternité en proie aux mêmes démons et victimes des mêmes désirs.".
[...] C'est la vengeance d'une femme qui, par sa passion amoureuse, s'est vue perdre tout ce qui faisait son humanité. L'infamie de l'humanité se présente également à travers le vice représenté par le personnage du mari de la duchesse d'Arcos de Sierra Leone. En effet, ce dernier représente le péché de la jalousie et de l'orgueil, ce qui le pousse à réaliser un acte infâme, celui de faire manger le cœur de l'amant platonique de sa femme par des chiens. Il fait cela après l'avoir fait étrangler par des serviteurs sous les yeux de la duchesse, qui le suppliait de la tuer ou de lui laisser la liberté de manger elle-même le cœur de son unique amour. [...]
[...] Tout cela ne peut être que le fruit d'une longue réflexion. De plus, ce qui la rapproche également de la mythique reine est sa beauté et ses manières. La duchesse est d'une attirance unique et sans précédent, cette femme au visage empâté de vermillon et d'un brun doré pouvant la relier au sud ne peut qu'être représentée en déesse de la beauté. Ses habits, sa parure, tout est dans l'exagération et l'exotisme au point où on tend, pour un Paris au dix- neuvième siècle, vers du mauvais goût : « Une robe de safran aux tons d'or ressemble à un appel pour les hommes qu'elle semble lancer d'elle-même », « un large châle turc à raies blanches, écarlate et or », « Une plume de saule pleureur rouge sur un chapeau blanc et avec cela de la soie ». [...]
[...] C'est d'autant plus flagrant lorsque l'on sait qu'aux yeux de son amant, la duchesse était comparable à la vierge Marie du fait de sa chasteté et de sa pureté. L'auteur précise également dès les premières lignes que le thème principal de sa nouvelle serait la vengeance, ce qui a donné ce titre à l'œuvre. Cependant ce n'est pas une vengeance par le sang, celle-ci est bien plus foudroyante à cause de sa cruauté et de la tournure qu'elle prend. Les actes de la prostituée furent guidés par son intelligence, l'un des principaux points communs qu'elle possède avec la reine de Saba, reconnue pour ses capacités intellectuelles. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle il choisit de réécrire le mythe de la reine de Saba au XIXe siècle, et ce, sans tenter de dissimuler les faits outrageants. Pour cela, les deux protagonistes portent différents masques, se superposant à des personnages historiques tels que la Vierge Marie, Judith ou encore Holopherne. Il met en place ces comparaisons en disséminant quelques points communs, à la fois dans leur personnalité (chaste, criminelle), mais aussi grâce aux situations dans lesquelles ils se retrouvent (proche de la décapitation, sous les griffes d'une femme). [...]
[...] La représentation de l'homme Parallèlement à la représentation de la femme, l'homme prend également une importance notoire pour Jules Barbey d'Aurevilly. Tout comme la femme, l'auteur considère que la position du sexe fort reste inchangée à travers le temps et les âges. Il n'est pas question de modernité ou d'avancement puisque sa nature profonde reste la même. Ainsi, le sexe masculin sera toujours soumis à la tentation féminine devant laquelle il pourra faire face, à moins d'être un saint, ce qui n'est pas représentatif de la société. [...]
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