Enfance, Nathalie Sarraute, style d'écriture, esthétisme littéraire, communication, langage, autobiographie partielle, sensations, contradiction, sonorité, corporalité des mots
Le langage en littérature est l'outil standard par lequel s'exprime et communique l'auteur. La langue est souvent utilisée pour attirer l'attention sur elle, sur la façon dont les choses sont dites. Enfance est un récit qui met en valeur une écriture basée sur la sensation. Il s'agit d'une autobiographie dialoguée partielle, un récit des premières années de Nathalie Sarraute, dans lequel elle montre les images, les anecdotes, les sensations qui lui viennent à l'esprit lorsqu'elle évoque cette période.
[...] Les mots participent au réel, le construisent, le modifient, le modèlent, l'embellissent ou le banalisent. Sarraute parvient à confondre l'objet du roman et le projet d'écriture, car comme elle l'assure : II se passe quelque chose, et je ne sais pas si c'est de l'amour, de la haine : cela m'est complètement indifférent. C'est uniquement ce mouvement et son influence sur les mots, sans quoi le langage se figerait et m'ennuierait à mourir . Dans et par le texte c'est-à-dire avec les mots, contre eux, en les suscitant, en les poussant, en les écartant, produire au jour [ . [...]
[...] Le point clé de Sarraute concerne l'indicible. Là encore, les termes semblent romantiques : expression, spontanéité, naturel, vie. Pour conclure, la fiction constitue-t-elle l'outil privilégié d'accession à un stade suprême d'expression du langage ? [...]
[...] Le langage a une fonction critique négative : la libération de cette substance molle et végétale a pour conséquence de démasquer la personnalité comme une entité idéologique bourgeoise. La saisie implique une critique de la conscience, une démonstration de son imposture. Sarraute se concentre sur les fragments qui émergent de cette destruction et tente de ceindre ce qui échappe à la catégorisation des caractères. En ce sens, Sarraute ajoute que le personnage n'est plus seulement un simple support de cette substance fluide, innommable et innommée, mais est aussi un tout. [...]
[...] Quand sa mère demande l'avis d'un collègue, Korolenko, sur le roman que sa fille est en train d'écrire, non pas tant pour en être fière, mais pour obtenir un jugement de valeur qu'elle peut juger pertinent. C'est le moment que choisit Nathalie Sarraute pour raconter sa première déception, puisque ce Korolenko lui donne une appréciation aussi superficielle et injuste que lapidaire : Avant de se mettre à écrire un roman, il faut apprendre l'orthographe . Une phrase plus que suffisante pour la décourager et lui ôter l'envie de poursuivre l'écriture de son premier roman/conte pseudo-féerique. [...]
[...] . En guise de conclusion. Sarraute adopte dans Enfance une rhétorique délibérément non théorique et figurative, dans laquelle elle établit sa position de manière provocante, en utilisant des ressources (comme la psychologie) que l'orthodoxie du nouveau roman rejette d'emblée. Moins théorique, elle gagne en élasticité et en complexité. Le recours à la dialectique finit par plus importante chez Sarraute : elle est n'a pas peur de se contredire, elle fait fonctionner cette contradiction dans le mouvement essayiste de son argumentation. [...]
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