Laplanche & Pontalis, dans leur article sur l' « Affect», situent son point d'émergence sinon dans les Etudes sur l'hystérie (1895), au moins dans la lettre n°18 écrite à Fliess, du 21-5-94. Or il semble que la notion d'affect est déjà bien présente dans la pensée de Freud, et cela depuis 1888, c'est-à-dire depuis l'article sur l'Hystérie qu'il écrivit pour l'Encyclopédie de Villaret (1888). Même en effet si le mot « Affect » n'y est pas évoqué, Freud introduisit la notion de « modifications de la distribution des quantités d'excitations » dans le système nerveux. Nous avons affaire ici plus à l'énergie d'investissement qu'à un éventuel quantum d'affect spécifié comme tel, mais celui n'y est pas étranger:
« A côté des symptômes physiques de l'hystérie, un certain nombre de désordres psychiques peuvent s'observer... Ce sont des changements dans le passage et dans l'association des idées, inhibitions de l'activité de la volonté, augmentation et suppression des sentiments, etc. Qu'on peut résumer en changement dans la distribution normale sur le système nerveux de quantités stables d'excitation ». Freud prend dès cet instant parti pour une conception économique de l'affect: c'est un surplus d'excitation dans le système nerveux.
C'est en 1890 que nous trouvons ensuite trace de la notion d'affect articulée conceptuellement. Dans l'article Traitement psychique, Freud non seulement cite et définit l'affect, mais il lui confère une place non négligeable dans ce qui reste pour lui le traitement psychique le plus intéressant: l'hypnose.
[...] Ici il faut suivre Freud attentivement. La verbalisation n'est pas dans ce contexte une opération seulement intellectuelle: l'être humain trouve dans le langage un équivalent de l'acte, équivalent grâce auquel l'affect peut être abréagi de la même façon Le langage ne fait pas que permettre à la charge de se débloquer et d'être vécue, il est en lui-même acte et décharge par les mots. Le procédé utilisé permet à l'affect de se déverser verbalement; en outre il transforme cette charge affective et amène la représentation pathogène à se modifier par voie associative en l'attirant dans le conscient normal. [...]
[...] S.Freud, Un cas de guérison hypnotique avec des remarques sur l'apparition de symptômes hystériques par la contre-volonté [1892- 1893], trad. J.Altournian, A. et O. Bourguignon, G.Goran, J.Laplanche, A.Rauzy, In Résultats, idées, problèmes, t.1 (1890-1920), Paris: PUF Ibid., p.36 S.Freud, La naissance de la psychanlyse, Op.Cit., p.60, [Thèse S.Freud, Quelques considérations pour une étude comparative des paralysies motrices organiques et hystériques, [1893] texte original en français, In Résultat, idées, problèmes, t.1 (1890-1920), Paris: PUF Ibid., p.58 cf. Supra note Idem. S.Freud, Les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques: communication préliminaire [1893], In Etudes sur l'hystérie, en coll. [...]
[...] Le terme valeur est habile, car il peut être pris ici non seulement au sens de l'expression globale valeur affective mais dans son sens propre, valeur exprimant à la fois la notion quantitative et qualitative; tandis que quantum ne délivre qu'un sens quantitatif. Mais valeur affective se traduirait plus littéralement Affektwert; et puisqu'il est possible que la notion de Valeur affective soit due à l'influence de J.Breuer, le terme Quantum d'affect semble définitivement accepté. S.Freud, Traitement psychique (Traitement d'âme) [1890], trad. M.Borch- Jacobsen, P.Koeppel, F.Scherrer. [...]
[...] Avec J.BREUER, Trad. A.Berman, Paris: PUF Ibid., p.5 Idem. Ibid., p.4 S.Freud, Les psychonévroses de défense [1894], Trad. J.Laplanche, In Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF Ibid., p. [...]
[...] Le souvenir d'un événement traumatique ne peut être liquidé dans certains cas, c'est pourquoi il importe de savoir si l'événement déclenchant a ou non provoqué une réaction énergique grâce à laquelle la décharge d'affects a pu se produire depuis les larmes jusqu'à l'acte de vengeance Dans les cas où cette décharge n'intervient pas, l'affect reste attaché au souvenir, du fait de sa non-liquidation. Donc les représentations pathogènes n'ont pas subi l'usure normale par abréaction ou reproduction, avec la circulation non entravée des associations. Cependant, par la psychothérapie, un équivalent de la décharge par l'acte peut se produire, grâce au langage qui en permet l'abréaction. Le langage relie associativement le souvenir et l'événement, comme il relie la charge coincée d'affect aux représentations. [...]
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