Commentaire composé du poème Les Yeux d'Elsa, de Louis Aragon. Poème que sa femme et muse, Elsa Triollet, lui inspira durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il prenait part à la Résistance en tant qu'intellectuel. Il dissimule ainsi son véritable engagement sous les vers de nombreux poèmes lyriques.
[...] Il dissimule ainsi son véritable engagement sous les vers de nombreux poèmes lyriques. Le premier poème, qui donne son titre au recueil, est une description codée des yeux de sa bien aimée. Il se compose de dix quatrains en alexandrin (bien que cette étude ne porte que sur les six premiers), non ponctué, ce qui désoriente légèrement le lecteur, tout en traduisant le désir de liberté présent sous l'occupation. Il est fait de rimes suffisantes embrassées. Les verbes sont principalement au présent. [...]
[...] Ce thème est très exploité par les symbolistes du 18ème siècle. Mais les yeux d'Elsa sont avant tout un symbole. Par la présence du ‘'prisme des couleurs'' de la quatrième strophe, on voit nettement une allusion à l'arc-en-ciel, symbole de réconciliation et d'heureux changement : le passage de la pluie au beau temps. Par cette image, le poète appelle a regarder l'avenir avec espoir, l'heureux changement se matérialisant sous la forme de l'armistice, et du passage de la guerre à la paix. [...]
[...] Elle pousse Aragon à se battre pour la France, et à tenter de sauver sa nation. Il s'agit donc bien d'une poésie amoureuse, mais aussi d'un texte engagé dont le but est de montrer les souffrances traversées par la nation, représentée par Elsa. Le deuxième axe de lecture intéressant est en effet celui de la mise en avant de la souffrance. Aragon évoque sa souffrance personnelle par la forme personnelle de la première strophe en m'y penchant j'ai vu »''). [...]
[...] On y retrouve le thème des yeux et celui de la résistance. Ce premier poème prépare aussi la conclusion, c'est-à-dire le triple rôle d'Elsa (femme, muse, et France), qui est synthétisé dans le dernier vers du dernier texte : Mon amour n'a qu'un nom Un bref parallèle avec Chants d'ombre, de Léopold Sédar Senghor Dans son Chants d'ombre, Léopold Sédar Senghor dépeint une femme idéalisée, sans nom. Il cherche à faire paraître la beauté de féminité africaine dans son ensemble, dans son combat pour les valeurs de la Négritude. [...]
[...] Cependant, elle est représentée clairement en tant que muse, notamment dans les termes ‘'le mois de Mai des mots'', au vers vingt et un, le mois de Mai étant celui de la Vierge Marie. Elsa est ainsi divinisée, et placée par le poète au dessus des autres femmes, comme dans le mot ‘'gémeaux'', allusion astrologique, et, ici encore, céleste. On entrevoit aussi cette fonction de muse dans les rapports qu'Aragon entretient avec le temps (‘'j'y perds la mémoire'', au vers quatre) : en voyant les yeux d'Elsa, il oublie son époque et ses difficultés. [...]
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