Électre de Sophocle et Hamlet de Shakespeare : pourquoi les dénouements des tragédies suscitent-ils l'intérêt des spectateurs ?

Thèmes abordés

Électre de Sophocle, Hamlet de Shakespeare, dénouements des tragédies, intérêt des spectateurs, thème de la vengeance, Oreste, tragédie grecque, Agamemnon, justice divine, bien et mal, intensité d'un récit, spectre

Résumé du document

Electre et Hamlet sont deux pièces typiques de la tragédie ; d'une part leur sujet n'est pas tragique en lui-même (le thème de la vengeance est des plus banal), d'autre part leur dénouement est perçu dès les premières pages. Aussi, pour mieux comprendre la portée de la tragédie, il convient d'analyser dans un premier temps dans quelle mesure le dénouement nous est dévoilé d'avance, puis dans un deuxième temps pourquoi la tragédie nous tient en haleine.

Extraits

[...] Ce serait pour lui une sorte de catharsis. Dans cette scène, il éprouve un besoin de communiquer. Il adopte l'attitude d'un jeune enfant. Il se désespère de sa solitude. Dans les tragédies, le dénouement est perçu dès les premières pages. Comme disait Jean Anouilh : ‘C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir.' Par exemple, la mort d'Hamlet est évidente, car alors qu'Hamlet appartient à l'absolu, il vit dans un monde destructeur de l'absolu. Mais à quoi sert la tragédie ? [...]

[...] Électre a fait son choix et ne veut pas en démordre. Pour elle, vivre signifie risquer de mourir en s'opposant à la collectivité. Par conséquent, l'enjeu de la tragédie n'est pas la vengeance, mais ce qui permet au destin humain de s'accomplir, de gagner en voulant remettre l'ordre. Car, la collectivité, la société n'est qu'hypocrisie (à travers Polonius, caractérisant l'hypocrisie et concrétisant l'artifice, Shakespeare vise tout le royaume) et profit personnel (Chrysothémis ‘prêche pour son bien- être' ; elle ‘collabore' idéologiquement). [...]

[...] Or, Sophocle commence par présenter Oreste. Pourquoi cette innovation ? Pour valoriser Oreste, personnage vengeur. Oreste a toujours été destiné à venger son père ainsi que le rappelle son précepteur : « Ici même, ce qui est sous tes yeux, dis-toi que c'est l'opulente Mycènes et ce palais sanglant des Pélopides où jadis, t'arrachant aux assassins d'un père, je te reçus des mains de l'un des tiens – de ta propre sœur – et t'emportai, te gardai, te nourris jusqu'à l'âge où tu es, pour que tu fusses un jour le vengeur de ce père. » Son avenir a été tracé d'avance. [...]

[...] Elles interviennent dans la vie des hommes et incitent parfois même les individus à adopter telle ou telle attitude. Le meilleur exemple en est Hamlet : Hamlet est l'instrument de forces de l'au-delà représentées par le spectre (annoncé par Shakespeare dès la première scène). Le spectre incite Hamlet à le venger ; « Si tu as des sentiments inspirés par la nature, ne le supporte pas, ne tolère pas que le lit royal de Danemark soit une couche de luxure et d'inceste damné  “(Acte scène Il lui donne un ordre engendrant une perte de liberté pour Hamlet : le spectre part du principe qu'il n'a pas à choisir. [...]

[...] Électre de Sophocle et Hamlet de Shakespeare : pourquoi les dénouements des tragédies suscitent-ils l'intérêt des spectateurs ? Le dénouement dans les tragédies est connu d'avance. Pourquoi suscitent- elles alors l'intérêt des spectateurs ? À travers Électre de Sophocle et Hamlet de Shakespeare Électre et Hamlet sont deux pièces typiques de la tragédie ; d'une part leur sujet n'est pas tragique en lui-même (le thème de la vengeance est des plus banal), d'autre part leur dénouement est perçu dès les premières pages. [...]