Histoire, éducation, amour, trame narrative, péripétie, narration, L'Éducation sentimentale, Flaubert, agrégation de lettres modernes, littérature française, xixe siècle, Joëlle Gleize, roman
Cette dissertation a été rédigée dans le cadre de l'agrégation de lettres modernes. Elle traite de la littérature française du XIXe siècle et plus précisément de l'oeuvre de Flaubert dénommée L'Éducation Sentimentale, ainsi que du regard porté par Joëlle Gleize sur ce roman et exposé dans son écrit « Le défaut de ligne droite » publié en 1974.
[...] Si l'on devait gagner ce pari interprétatif, il deviendrait possible de dire que, en racontant l'histoire de la ruine du roman d'apprentissage, Flaubert romance, trahit et commémore l'irremplaçable altérité de l'autre comme l'apparition de l'histoire d'amour à travers les méandres de l'Histoire fétichisée comme commodité. [...]
[...] Les articles critiques rendant compte de L'Éducation Sentimentale en 1869 ont essentiellement reproché au roman son manque d'unité dramatique et de composition. Ces critiques reposent implicitement sur une conception du roman comme enchaînement de péripéties en une progression linéaire et narration du projet d'un héros tendu vers un but ; et Flaubert, à l'évidence, ne répondait pas à cette attente, qui constatait lui-même, en semblant le déplorer : « II n'y a pas de progression d'effet. » (Joëlle Gleize, « Le défaut de ligne droite », Littérature n° p. [...]
[...] Bien que L'Éducation sentimentale raconte et scrute l'histoire de la réification que Jameson raconte également2, le texte suggère également la pertinence du trope spectral de Marx en explorant une possibilité dérangeante : les modes de répétition non-organiques et non-esthétiques composent les événements que nous appelons « historiques ». Pour mieux saisir les questions autour de la structure de l'Éducation sentimentale, nous analyserons d'abord l'éducation de Frédéric à l'aune de l'Histoire qu'il manque, avant de revenir plus en détail sur ce que Flaubert démontre comme étant le fétiche de la commodité de l'Histoire. [...]
[...] L'histoire d'une éducation à l'aune de l'Histoire Les difficultés particulières que les textes de Flaubert posent à l'interprétation sont bien connues. Bien que les formes et les conventions du récit du XIXe siècle restent en place, notamment dans les romans « réalistes » (Madame Bovary en est un exemple), L'Éducation sentimentale offre une signification de ces formes à travers un compromis programmatique, et parfois radicalement secoué. Les personnages de L'Éducation sentimentale sont des entités cohérentes, et Frédéric apparaît comme psychologiquement nuancé ; mais une fois que nous commençons à lire le texte avec soin, l'intérêt de ces représentations devient rapidement douteux. [...]
[...] En bref, la forêt de Fontainebleau, symbole de la France royale et mystique, s'offre comme une symbolisation et une naturalisation de l'histoire ; mais dès qu'on accepte cette offre, bien sûr, on répète le fétichisme de Frédéric. L'Histoire et le complot amoureux s'entrelacent ici précisément dans la mesure où l'on tombe dans le piège du texte. Pourquoi l'histoire ? Parce que l'histoire reste le meilleur nom qu'on puisse donner à l'excès, l'extériorité radicale, d'un événement par rapport au sens, à la connaissance, ou au désir. La pensée de l'histoire appelle toujours un certain point à force référentielle : nous disons, une fois pressé, que l'histoire est ce qui est arrivé, ce qui est vraiment arrivé. [...]
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