Le fait de se regrouper en école littéraire est un phénomène spécifiquement français. On peut dater le début de ces rassemblements à partir de la Pléiade, datant du XVIe siècle, qui peut être considérée comme la première école littéraire française. Or André Maurois dans Les lettres françaises affirme : « Les écrivains français ont toujours eu le goût des écoles. Toujours ils ont aimé à se regrouper autour d'un terme abstrait (…). A la vérité les frontières de ces concepts sont confuses. Les grands écrivains ne sont jamais les prisonniers d'une doctrine, même lorsqu'ils en sont les parrains. Leur puissance de création fait éclater les cadres. »
Selon André Maurois, malgré le penchant qu'ont les écrivains français à adhérer à une école littéraire, ils ne peuvent s'y tenir et, sous l'effet de la création d'une œuvre littéraire, ils se détachent de l'école à laquelle ils appartiennent. D'où proviennent le goût et la volonté de regroupement des écrivains français en écoles littéraires ? Le fait d'adhérer à une école suppose-t-il un attachement constant à sa doctrine ?
[...] Baudelaire se trouve donc à la charnière entre deux doctrines, celle des romantiques et celle du Parnasse, et tente de les dépasser en créant une troisième voie qui peut être perçue comme celle de la modernité. En effet, le poète est considéré comme le précurseur d'un nouveau courant qui est le symbolisme. L'école symboliste suppose l'utilisation d'analogies pour évoquer le monde, les états d'âme et les idées abstraites. Elle comprend aussi le thème des correspondances, qui implique qu'au-delà des apparences il existe des rapports entre les choses, des liens entre les êtres, thème qui est mis en lumière par Baudelaire dans son poème Correspondances extrait des Fleurs du Mal. [...]
[...] Ainsi, les écrivains romantiques, tout comme les classiques, se regroupent ensemble derrière une même doctrine en partageant des règles littéraires communes. Le fait de partager un rapport identique aux dogmes littéraires peut donc expliquer le goût et la volonté des écrivains français de se regrouper en écoles. Une vision identique du monde peut aussi permettre de comprendre ce penchant. Plusieurs écrivains peuvent éprouver le besoin de se regrouper au sein d'une même école littéraire en raison de leur vision du monde qui peut être commune et qui se trouve souvent en opposition avec celle de leurs prédécesseurs. [...]
[...] En ce sens, Figaro peut être considéré comme un héros préromantique en tant que porte-parole d'une classe sociale, le Tiers-Etat, qui aspire à la reconnaissance. Par ses idéaux, qui s'apparentent plus à ceux de la Révolution française que de la monarchie absolue du XVIIIe siècle, la pièce de Beaumarchais se détache de la doctrine classique. Les écrivains, comme le souligne André Maurois, ne sont donc jamais les prisonniers d'une doctrine car ils subissent l'influence de nombreuses écoles littéraires même s'ils se rattachent spécifiquement à l'une d'entre elles. [...]
[...] Le parcours et l'œuvre de Baudelaire illustrent la perméabilité des frontières entre les multiples écoles littéraires. En effet, Baudelaire peut tout d'abord être considéré comme un héritier de l'école romantique tout en étant conscient de ses excès et de ses faiblesses. Il reprend des thèmes qui sont propres au courant romantique comme ceux du sentiment ou de l'exotisme qui est, par exemple, repris dans son poème Chant d'automne Malgré le thème automnal que semble annoncer le titre, Baudelaire fait allusion dans ce poème à des paysages exotiques, Et rien ( ) / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer qui invitent au voyage et à l'évasion. [...]
[...] Ce roman de Camus illustre donc les liens qu'il peut avoir avec l'école existentialiste et qui lui vaudront d'y être associé plus ou moins contre son gré. Malgré la volonté d'indépendance de certains écrivains, ceux-ci sont parfois contraints d'être assimilés à une école littéraire sans pouvoir réellement être autonomes. André Maurois affirme que les frontières entre les différentes écoles ne semblent pas perméables ni confuses car lorsqu'un auteur a appartenu à une certaine école et souhaite s'en détacher il éprouve des difficultés et se trouve parfois dans l'impossibilité de le faire. [...]
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