Antoine Volodine, écrivains, personnages, mort, idées politiques, existence, idées, point de vue, public, place de l'auteur en littérature, Roland Barthes, écrivain de fiction, Emile Zola, droit d'auteur, post-exotisme, récit, structuralisme, double, mission, dénonciation, autorité
Dans le livre Écrivains Antoine Volodine endosse l'identité imaginée de plusieurs écrivains. L'ensemble de ces personnages veulent mourir, et avant ça transmettre le message de personnes auparavant mortes pour leurs idées politiques. Ils questionnent leur existence, jouent avec leur mort, revendiquent leurs écrits comme étant un moyen d'honorer la mémoire des personnes décédées pour/ par leurs idées.
Par exemple Mathias Olbane dit ressentir « le besoin d'écrire : il n'éprouvait pas, toutefois, la nécessité de façonner des proses qui auraient eu un ouvrage publié pour aboutissement objectif. Il considérait que le jeu poétique, l'assemblage éphémère des mots, la plongée dans l'image, étaient une dimension importante dans son existence, mais que pour cette activité, pour urgente qu'elle fût, ne méritait pas d'aboutir à un volume normalisé fermé et mort sur une étagère. »
[...] Plus tard, en 1977, il reprenait ces idées dans Fragments d'un Discours Amoureux dans lequel, à la manière d'un dictionnaire, il recense les noms et adjectifs se rapportant au sentiment amoureux (« absence », « adorable ») et les illustre par des histoires et des références, comme des « cas pratiques », tout en donnant en début de livre des conseils, des recommandations, pour lire l'ouvrage. Il dévoile alors au lecteur « comment le livre a été fait » en lui confiant les coulisses de sa méthode d'écriture. On s'interroge alors sur la limite entre Volodine et Barthes et leurs écrivains de fiction. On en vient à se demander quels sont les liens, les ponts entre la pratique de l'auteur et ces « personnages qui écrivent ». [...]
[...] Comment l'image de l'écrivain fictionnel porte en retour un éclairage sur la pratique d'écriture de l'auteur réel ? À la manière d'un double encore plus que d'un figurant, Volodine se substitue à ses écrivains fictifs pour les missionner de sa propre mission, dénoncer l'autorité, la politique, l'occupation armée. C'est comme si les mots et la parole n'étaient pas suffisants, pas assez légitimes et forts pour faire passer un concept, pour exprimer les idées. De ce fait « les images », elles, conviennent. [...]
[...] Leurs œuvres Écrivains et Mort de l'Auteur reflètent leur pratique littéraire. Volodine a un engagement politique indissociable de son œuvre. Barthes, encore très étudié par les étudiants et par ses tiers, est encore d'une étonnante actualité. Seule l'écriture, relatée dans Comment Vivre Ensemble, peut « recueillir l'extrême subjectivité, sa vérité ». On peut pourtant se demander : si l'écriture vient de son auteur, mais qu'elle n'existe que dans ce qu'elle a à partager, de quelle partie de son auteur émane-t-elle ? [...]
[...] À partir de quel type d'intelligence se déverse-t-elle ? De ses émotions ? De sa raison ? De ses ressentis ? De ses habitudes ? [...]
[...] » De ces notions, il ressort une façon d'écrire, une intention, une pratique de l'auteur réel qui transparait à travers les textes de Barthes et Volodine. En effet, tout autant que Fragment d'un Discours Amoureux de Roland Barthes renseigne sur la vie de l'auteur (son « extrême solitude », reflet de son séjour dans un sanatorium du fait de sa maladie, séjour qui l'a beaucoup isolé), il renseigne sur sa pratique littéraire. Ainsi les allers et retours des pensées dans la tête de l'amoureux sont appelées par l'auteur « des figures » qui relatent une situation connue de tous (comme le signe connu d'une langue qui, une fois déchiffré dans sa séquence conduit à un signifiant, une représentation). [...]
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