Il s'agit tout d'abord de procéder à la définition de l'hybridité, et aussi plus particulièrement de l'hybridité formelle et générique appliquée à la littérature. Hybrida en latin signifie « sang mêlé ». Ce qui est hybride est communément ce qui est composé d'éléments disparates. L'hybridité est si l'on veut le culte de la différence. En critique littéraire, on peut retrouver un goût résolument moderne pour ce qui tout ce qui tient de l'hétérogène, à travers un rejet des catégories, et surtout un rejet de la règle classique de la séparation des genres. L'œuvre hybride est finalement digne d'intérêt parce qu'elle ne se conforme pas à un genre prédéterminé. Cependant, il faudra bien voir en quoi elle demeure, en un sens, tributaire de l'identification par le lecteur des genres qu'elle subvertit. L'hybridité, outre le mélange des genres et des formes, peut aussi être comprise comme indétermination : les formes peuvent en venir à se compléter et à se confondre. On verra qu'hybridité est synonyme de richesse.
Il faudra s'attacher à expliquer le concept de journal intime, en en montrant notamment la spécificité temporelle et énonciative. Philippe Lejeune, dans La Faute à Rousseau en février 2004, définit le journal intime comme « un système de traces qui rend visible notre sillage dans l'immensité de la vie ». C'est une définition assez poétique. Formellement, le journal apparaît souvent sous la forme d'un énoncé fragmenté, qui épouse – normalement – le dispositif du calendrier et qui est constitué d'une succession d' « entrées ». Cette définition est loin d'être figée, car la forme diaristique est caractérisée par son caractère protéiforme.
« Je ne suis pas sortie de ma nuit » est le texte du corpus qui s'apparente le mieux à la forme la plus connue du journal. L'étude de ce texte à la lumière des définitions du journal intime préalablement établies permettra de procéder à l'explication des enjeux et de l'usage du journal intime. On verra que ce livre n'est qu'en apparence un journal intime « classique » : il est marqué par une certaine hybridité, des variantes temporelles, textuelles et énonciatives à pointer.
[...] H .E .S. 1989. [...]
[...] Ici réside un paradoxe que les formes prises par l'écriture d'Annie Ernaux parviennent à surmonter. Cela revient à se demander comment elle est parvenue, par une entreprise avant tout individuelle (car c'est bien de l'écriture de soi qu'il s'agit), à toucher à cette vérité (qui n'est pas une réalité des faits, ni une véracité des événements, mais plutôt un sens profond des choses et du monde) partagée par tous. C'est bien par les formes de transmission de cette écriture qu'elle s'y est essayée : le je du journal et du récit n'est-il pas un nous ? [...]
[...] Bibliographie I. Oeuvres d'Annie Ernaux1 I.1. Œuvres étudiées Une Femme ; rééd. Folio ; rééd. La Bibliothèque Gallimard Journal du dehors ; rééd. Folio Je ne suis pas sortie de ma nuit ; rééd. Folio L'Evénement ; rééd. Folio I.2. Autres oeuvres Les Armoires vides ; rééd. Folio Ce qu'ils disent ou rien ; rééd. [...]
[...] Ouvrages critiques sur Annie Ernaux II.1. Livres FERNANDEZ-RETACALA Denis, Annie Ernaux, Edition du Rocher, coll. Domaine Français SAVEAN Marie-France, La Place et Une Femme d'Annie Ernaux, Gallimard, Foliothèque THOMAS Lyn, Annie Ernaux, à la première personne, Stock, coll. Essais THUMEREL Fabrice (dir.), Annie Ernaux : une œuvre de l'entre-deux, Arras, Université d'Artois-Presses II.2. Articles et études partielles BOEHRINGER Monika, Paroles d'autrui, paroles de soi : Journal du dehors d'Annie Ernaux Dalhousie French Studies GARCIA Mar, Annie Ernaux : pouvoir, langue et autobiographie, Thélème, Revista Complutenses de Estudies Franceses p. [...]
[...] JENNY Laurent et ALLET Natacha, L'Autobiographie, Presses Universitaires de Genève JENNY Laurent, L'Autofiction, Presses Universitaires de Genève JENNY Laurent, La Figuration de soi, Presses Universitaires de Genève KUNZ WESTERHOFF Dominique, Le Journal intime, Presses Universitaires de Genève LEJEUNE Philippe, Genèse du journal in Les Brouillons de soi, Seuil, coll. Poétique p. 317-330. LEJEUNE Philippe, Le Journal personnel in La Faute à Rousseau, février 2004, n°35. REUTER Yves, L'Analyse du récit, Nathan coll. 128 p ROBIN Régine, L'Autothéorisation d'un romancier : Serge Doubrovsky in Etudes françaises n°33. Le Magazine Littéraire, Les Ecritures du moi, de l'autobiographie à l'autofiction mai 2002, n°409. III.3. Thèse COLONNA Vincent, L'Autofiction (essai sur la fictionnalisation de soi en littérature), Thèse de Doctorat de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (E. [...]
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