De tous temps, dans toutes les cultures et toutes les religions, l'écriture littéraire a été utilisée afin de dénoncer les problèmes de la société. La Fontaine d'abord et Voltaire ensuite, pour ne citer que les plus lus, ont dénoncé par des apologues les injustices de leur société, sous une forme leur permettant d'éviter la censure royale. Plus proche de nous, on garde en mémoire la radicalisation de la "fatwa" condamnant à mort l'écrivain d'origine indienne Salman Rushdie pour son roman Les Versets sataniques. Hélas, aucun régime totalitaire n'ignore combien une oeuvre littéraire, même lorsqu'elle proclame sa teneur fictive, représente une menace parce qu'elle a le pouvoir d'atteindre les consciences, parce qu'elle dénonce par de multiples moyens l'atteinte aux libertés et à la dignité (...)
[...] Quel que soit le genre littéraire retenu, l'écrivain manifeste ses sentiments grâce à toutes les ressources du lyrisme. L'occasion est alors belle d'aborder un registre lyrique, c'est-à- dire un ensemble de procédés rhétoriques concourant à un même effet, qui se rencontre aussi bien dans une page de roman, dans un poème en vers, dans un discours ou une lettre ouverte, ou encore dans les répliques de personnages de théâtre. Si une lointaine tradition présente le poète comme un être marginal, coupé du monde réel, celui-ci peut aussi faire voir les misères de son époque. [...]
[...] Zola installe ses personnages dans un environnement spécifique tel que le passage du Pont Neuf, milieu sombre et froid, ayant une influence sur eux et les poussant à commettre certains actes. Tel un naturaliste rendant compte d'une expérience de laboratoire, il ne fait que noter avec précision les étapes de la métamorphose de Thérèse et de Laurent au contact l'un de l'autre. La fiction réaliste dispose de l'évocation précise et descriptive d'un décor, de la mise en scène de personnages à travers des scènes et des dialogues, de toutes les possibilités de la narration. [...]
[...] Enfin, la traduction du rire en littérature ne peut qu'interpeler : la dérision est redoutable, tant éclater de rire devant l'ennemi afin de démasquer ses vices et ses impostures est une admirable preuve de courage que la littérature a souvent exploitée. Inventer des histoires, créer des personnages, leur forger un nom, un destin, sont autant de moyens qui permettent à l'écrivain de faire voir la réalité des injustices. La fiction romanesque est une arme redoutable de dénonciation, un détour efficace pour inciter le lecteur à prendre conscience combien le monde réel est malade. [...]
[...] Les mots forment des figures et ne collent plus au réel, le récit est bien celui d'une fiction, mais tous ces mensonges dénoncent nos illusions, nos lâchetés, nos ignorances. La littérature peut dire le vrai, non seulement sur tout ce que la société a d'injuste, de violent, de répressif et de discriminatoire, mais aussi sur notre condition humaine. [...]
[...] Après cette évocation des nombreuses ressources dont dispose la littérature pour faire connaître et comprendre les maux de la société, on serait tenté d'établir une sorte de hit- parade suggérant une quelconque préférence entre l'apologue, la comédie ou le roman. Mieux vaut ne se priver d'aucun genre littéraire pour découvrir des dénonciations et, surtout, mieux vaut se rappeler que l'image n'est pas la seule pour témoigner et informer. Il y a l'écrit et, notamment, l'écrit littéraire qui revendique une mise en œuvre esthétique, afin d'éveiller les consciences par la fiction réaliste. [...]
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