Les Juifs sous le IIIème Reich : violences et persecutions de toutes sortes subit par une famille juive.
[...] Papa serait donc là demain et les jours suivants. Il n'avait plus de travail. Comment pourrions-nous vivre ? C'est en septembre 1935 que la rentrée des classes eut lieu sans moi. Quand je me présentai au portail de l'école à la fin de l'été avec mon cartable de cuir et mes souliers neufs, je constatai que je n'étais pas sur les listes. Croyant à un oubli, je m'approchai du maître pour lui demander. Il sembla gêné, mais se reprit bien vite. [...]
[...] Elles s'appelaient les lois de Nuremberg. Selon elles, nous n'étions plus citoyens allemands. Nous perdîmes notre nationalité et nos droits de citoyens. Selon ces lois, nous n'étions plus rien. C'est en décembre 1938, après cinq ans de brimades de plus en plus sévères, que l'espoir de voir les choses s'arranger nous quitta vraiment. Bien que nos passeports allemands nous soient confisqués, papa décida qu'il était temps de fuir. Puisque nous n'étions plus en sécurité en Allemagne, autant partir tant que c'était encore possible. [...]
[...] Certains rentraient à ne pas presser, longeant les murs, tête baissée, tandis que des groupes de jeunes garçons en chemise brune criaient victoire. Ce soir-là, maman sourit tristement puis elle me serra fort dans ses bras, essuya ses larmes et se remit à la préparation du repas sans un mot. Ce n'est qu'après m'avoir envoyé au lit, que j'entendis mes parents parler gravement dans le séjour. Je ne compris pas bien tout ce qu'ils dirent, mais j'eus instinctivement le cœur serré d'angoisse en entendant des mots tels que : nazis, Hitler, chancelier, Juifs, avenir, danger, exclusion . [...]
[...] Des corps décharnés, des morts-vivants, des regards vides. L'armée vient de leur annoncer qu'ils sont libres. Ils ne réalisent pas, ils ne comprennent pas. De là d'où ils reviennent, peuvent-ils encore se réjouir ? Quelles épreuves attendent encore ces survivants ? Deux bombes d'une puissance incroyable, qu'on appelle nucléaire, viennent d'être lâchées sur le Japon pour le faire céder à son tour. On ne connaît pas encore bien les conséquences de ces explosions. Nous ne retournerons pas vivre en Europe. C'est sûr Trop de souffrances. [...]
[...] Mais, non, mon père effrayé par les ambitions sans limites d'Hitler et des nazis envisagea de nous emmener loin, bien plus loin. Très loin de l'Europe. Nous partîmes donc aux États-Unis. Et les frontières se refermèrent derrière nous. Nous fîmes probablement partie des dernières familles juives qui, en 1938, purent émigrer de l'autre côté de l'Atlantique. Une autre vie put commencer, c'est vrai. Mais l'angoisse et la désolation, elles, ne nous quittèrent pas. Mois après mois, les nouvelles de l'Europe nous parvînmes, par les journaux et la radio, souvent inquiétants et désespérants. [...]
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