« Tout ce qui précède l'apocalypse s'appelle le progrès » d'après les dires du journaliste belge Romain Guilleaumes dans son ouvrage Salmigondis paru en 2009 et issu de sa collection Le bûcher des illusions. Cela semble parfaitement résumer les problématiques développées dans les oeuvres littéraires et cinématographiques, au XXe siècle. En effet, les récits catastrophes et post-apocalyptiques semblent intéresser l'imaginaire de l'homme contemporain qui les traduit et les illustre dans des oeuvres de science fiction ou de littérature de l'imaginaire en y insérant ses craintes mises à jour par la science. Ainsi, que ce soit par le réchauffement climatique, la pollution ou encore les pandémies, l'être humain cherche à comprendre quelle sera sa fin. Mais surtout, il s'agit de remarquer qu'il se pose en coupable de cette destruction qu'il croit causée par sa propre évolution. (...)
[...] Selon Goethe, la culture est une affaire de translation généralisée et passerait donc aussi par la traduction d'un texte. D'après lui, il y en a trois sortes différentes : celle qui n'est qu'une pure information pour faire connaître quelque chose d'étranger, celle qui s'efforce de s'approprier l'esprit étranger en le transposant entièrement et celle qui pourrait être non pas à la place de l'original mais en son lieu puisqu'elle cherche à en devenir l'équivalent. Cette dernière est la plus complète puisqu'elle ne s'occupe pas uniquement de faire comprendre le récit source, mais elle en garde tout le caractère sans le dénaturer afin de faire naître chez le lecteur les mêmes sentiments que s'il lisait l'original. [...]
[...] Regarder vers l'ailleurs, c'est aussi observer l'autre et voir comment il vit, pense et écrit. Autrement dit, c'est une manière de comprendre les différentes cultures, dont la sienne, et de s'ouvrir au monde. Beaucoup sont les poètes à s'être inspirés d'un ailleurs, s'influençant de ses artistes, de sa culture, de ses paysages, etc. Hugo, dans Les Orientales a par exemple développé toute une thématique liée à l'Orient, ses côtés à la fois barbares et érotiques, ses couleurs, ses peintures et ses fresques, ou encore la douceur de ses femmes. [...]
[...] Effectivement, l'auteur chercherait à visiter un ailleurs pour s'y perdre et rêver à un monde meilleur. C'est l'image de l'homo viator, ou poète pèlerin qui voyage pour parfaire une expérience spirituelle et sensorielle à travers des lieux différents et inhabituels. Il s'agit là d'un idéal de transmigration, c'est-à-dire le passage de certains éléments de l'âme ou du corps dans une nouvelle forme d'existence. Chez Baudelaire, par exemple, cela se traduit par la volonté d'aller vers un ailleurs géographique idyllique au bord de la mer et dans des îles, un ailleurs sensoriel grâce à la drogue et un ailleurs absolu par la mort. [...]
[...] De même, les textes non traduits seraient ceux qui tomberaient plus facilement dans l'oubli : la traduction permettrait donc de vivifier les textes, de leur donner plus de valeur et donc un plus large public. C'est probablement pour cela que la religion chrétienne est si développée à travers le monde : son livre fondateur La Bible est l'ouvrage le plus traduit à travers la planète, il peut donc être lu par n'importe qui ou presque ce qui offre à son message une transmission très efficace. [...]
[...] Dans son ouvrage La Littérature comparée publié en 1951, Marius- François Guyard écrit qu' il y a emprunt direct quand Hugo décide de transplanter sur la scène française le drame shakespearien ; indirect quand les épigones de Hugo reprennent la formule Autrement dit, la question de la langue est primordiale en littérature comparée puisque traduire une oeuvre permet de la faire connaître à un plus grand public mais la modifie malgré tout. La traduction permet aussi d'avancer vers ce que certains théoriciens appellent la littérature universelle qui unit les diverses formes littéraires à travers le monde dans un projet totalement humaniste. La traductologie étudie la façon dont les idées des langues sont transmises à travers une traduction. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture