Dissertation de Littérature (Licence 2 de Lettres modernes) ayant pour sujet : "Métaphores et comparaisons dans le recueil Les Regrets de Joachim Du Bellay".
[...] Ainsi, s'il use bien souvent de comparaisons entre ces derniers et lui-même, ce n'est que pour mieux mettre en avant cette différence. Ainsi dans le sonnet IV, il fait une comparaison négative entre ceux qui sont de Phœbus vrais poètes sacrés et lui même agité d'une fureur plus basse De même dans le sonnet V il se compare à tous les autre poètes, expliquant que chacun prend pour faire ses vers un sujet qui le contente et que lui, malheureux, ne peut prendre pour sujet que son malheur extrême. [...]
[...] Mais c'est plus particulièrement de l'écriture de Ronsard qu'il va se détacher. En effet en entretenant une correspondance avec lui, il met en opposition deux poétiques. C'est ainsi qu'il met en place un éloge de Ronsard fondé sur sa chance d'être auprès du roi et d'avoir sa faveur, sur sa poésie qui traite de hauts sujets qui lui sont inspirés par son furor et sur son immortalité qui lui est déjà acquise. Mais à la quête ambitieuse de ce dernier, qu'il semble tant louer, Du Bellay oppose sa propre conception de la poésie, une poésie apparemment sans ambition qui place le moi au cœur de ses préoccupations, avec humilité, une poésie de la transparence et de la sincérité. [...]
[...] Ici le poète vit dans la poésie, il y habite, et Du Bellay en exil vit donc dans une poésie encore inexplorée, nouvelle. De cette manière il peut porter sur elle un regard à la fois distant et intérieur. Du Bellay préfère donc choisir la difficulté en explorant des terres nouvelles, des territoires inconnus, des mers dangereuses : s'il réussit la traversée, le salut n'en sera que plus grand. Ainsi le thème de l'exploration, très fréquent dans le recueil, renvoie à l'exploration d'une poésie nouvelle, d'une écriture nouvelle que prône Du Bellay. [...]
[...] Enfin, la métaphore est une parole qui cache, transforme le réel au lieu de le dire, et qui trouve sa source dans un élément extérieur donc étranger ce qui le rend potentiellement dangereux. Du Bellay va donc lui préférer la comparaison, qui lui parait un moyen plus stable et donc plus sûr d'affirmer son moi Elle lui permet de relier ce moi au monde et à des objets externes, tout en les gardant à distance. La plupart du temps elle sert à exprimer son malheur extrême, sa pauvre condition. [...]
[...] Ainsi si le moi préfère s'affirmer grâce à la comparaison, il peut parfois être lui même métaphorique. Mais si l'on ne trouve pas de métaphore du moi ces dernières ne sont pas pour autant totalement absente du recueil, et peuvent se retrouver dans d'autres thèmes. On remarque aisément que du Bellay puise la plupart de ses analogies dans le monde antique, plus que dans le présent : or ces images serviront certes, à des comparaisons, mais aussi à de nombreuses métaphores. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture