Le thème du double a toujours été présent en littérature mais il est réellement en vogue à l'époque romantique au moment où émerge le genre fantastique. Les auteurs de cette génération ont le goût de l'introspection et se penchent sur l'identité de l'homme. Ils réfléchissent sur ce qui constitue le « moi ». Ils cherchent à définir ce qui est propre à un individu, ce qui fait qu'il est unique et montrent que l'homme constitue son unicité par sa différence avec autrui. C'est en cessant de ressembler, d'imiter les autres qu'il devient un être unique. La présence du double pose alors problème car elle ôte à l'homme toute unicité car un double, même s'il est un autre, est avant tout « le même ».
[...] Le lecteur confond à de nombreuses reprises les personnages et leurs doubles dans l'œuvre d'E.T.A Hoffmann. La distinction n'est pas toujours évidente entre Médard et Victorin puisque ces deux personnages marchent en couple. Arrivé au château, Médard prend l'habit de Victorin et devient son double. Puis ensuite, Victorin se comporte en double de Médard lorsqu'il revêt l'habit de capucin. Médard et Victorin se comportent alors en double de leur double : Victorin déguisé en moine Médard est le double de son double le moine Médard déguisé en Victorin. [...]
[...] Le moi n'existe que par différenciation avec autrui. Il y a une crise de la différence lorsqu'il y a ressemblance. La notion de dédoublement par division ou par multiplication est contestable car dans certains cas le double n'est peut-être qu'une projection. Il y a un trouble identitaire, les personnages ont du mal à savoir qui ils sont. Cela conduit à la violence. Dans Le Double, le premier effet de pullulement se produit au chapitre 10. L'idée de chaos va au-delà ce la simple personne. [...]
[...] Le double possède le même physique, la même identité. L'original est comme un reflet sorti du miroir et c'est pour cela qu'il fait peur. Il fait perdre au personnage son unicité. Sa présence entraîne également une violence intérieure. L'original est perturbé. La présence du double entraîne Goliadkine de plus en plus loin dans la folie et va jusqu'à l'anéantir. Goliadkine, face à son double, ressent un mal être, une angoisse. Il lutte contre cette personne ; il est sans cesse en train de la poursuivre, en vain, puisqu'elle lui échappe toujours, à son grand désespoir. [...]
[...] Ce sont des personnages, des doubles récurrents. Nous pouvons nous intéresser au personnage Belcampo-Schönfeld, qui est à lui-même son sosie. Il change sans cesse d'identité, empruntant un nom allemand ou italien. Il apparaît plusieurs fois dans l'œuvre aux côtés de Médard. Il le rencontre pour la première fois lorsque le moine arrive en ville (page 464). Il se retrouve à nouveau à ses côtés dans un hôpital, en Italie. (page 561). La même chose se produit concernant le moine insensé qui apparaît pour la première fois chez l'inspecteur des eaux et des forêts (page 480). [...]
[...] A chaque fois qu'il fuit, il emprunte une nouvelle identité, il se dédouble, et nie son identité précédente. Cette métamorphose aide Médard à mettre fin à la lignée maudite puisque sous ses différentes identités, il tue des membres de sa famille comme par exemple son demi-frère Hermogène ou sa demi-sœur Euphémie dont il ignore bien entendu le lien de parenté. Le double apparaît à chaque fois pour relancer Médard sur la voie du crime. L'on remarque également que l'apparition d'un double engendre l'apparition d'un autre double. [...]
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