Dissertation de Littérature (Terminale L) sur les Contes de Perrault illustrés par Gustave Doré. Les illustrations de Gustave Doré vous paraissent-elles proposer une interprétation fidèle des Contes de Perrault ? Peut-on parler de réécriture graphique ? Quels sont les partis-pris ? Dans quelle mesure impose-t-il son empreinte d'illustrateur ?
[...] Gustave Doré, tout en posant son empreinte d'artiste, donne au spectateur une nouvelle vision d'un imaginaire à dimension spectaculaire au sens de spectacle. Ainsi disait-il, comme un précepte à appliquer soi- même : Illustrer l'œuvre d'un autre, c'est s'illustrer soi-même. [...]
[...] Dans le frontispice tout d'abord, Gustave Doré réaffirme sa volonté de respecter les valeurs inspirées par les Contes de Charles Perrault. En effet, le livre de contes est le point de chute de la gravure, au croisement des diagonales : mis en valeur par un clair-obscur et un entourage net de son auditoire, le livre est ainsi au premier plan. Plus que le livre, l'acte en lui-même de conter, de raconter des histoires, est respecté et honoré : c'est la femme la plus âgée, et donc la plus docte, qui raconte l'histoire à un public allant du plus jeune au plus mûr la femme présente pouvant être ou une grande sœur, ou une mère, selon les interprétations. [...]
[...] De même dans Barbe bleue, alors que celui-ci confie les clés à sa femme, par un jeu de regards triangulaires, cette dernière a un corps en pleine tension, rejetant son mari sur le haut, et avançant son bassin vers la clé, objet de désir, de ses mains et de ses yeux. Par ailleurs, cette clé est plus grosse, et ne respecte pas la petite clé fée voulue par Perrault. Cet objet droit, tendu, envoûtant, donc, est une allusion phallique claire, rappelée par la haute plume du chapeau de Barbe bleue. [...]
[...] En effet, les femmes ont toutes le même visage, et on peut remarquer une ressemblance exacte entre la petite fille à droite sur le frontispice et celle du Petit Chaperon Rouge. Partant, on peut émettre des éléments de ressemblance entre l'Ogre du Petit Poucet et Barbe bleue qui n'est pas un Ogre, ce qui le rend plus terrible. En effet, tous les deux dominent l'image et ont surtout des yeux énormes, exorbités, marquant bien toute la cruauté du personnage on se souvient des veines saillantes de l'Ogre, de son poing fermé et terriblement puissant. [...]
[...] C'est ainsi que Marc Soriano qualifie le style de Doré comme celui de l'instant d'avant : au lieu de peindre l'action dramatique elle-même, il choisit de représenter les quelques secondes précédant le drame, le rendant plus horrible car au paroxysme de la tension et de la frustration chez le spectateur. Notons l'exemple où le Loup s'apprête à dévorer la grand-mère, ou encore la mise à mort de Barbe bleue, le meurtre des filles de l'Ogre, la découverte de la Belle. [...]
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