Dora Bruder, Patrick Modiano, explication linéaire, lettre de Robert Tartakovsky, camp de Drancy, déportation, atmosphère dramatique lettre d'un déporté, champ lexical, présent de narration
Dans cet extrait, Modiano décide d'introduire dans la diégèse de son oeuvre la lettre de Robert Tartakovsky, un jeune homme interné au camp de Drancy. Il adresse cette lettre à ses proches, avant d'être déporté dans les camps de la mort, à l'instar de Dora. Cette coupure volontaire dans la narration marque un point fort émouvant pour le lecteur, qui connaît dès le début de la lettre la fin prochaine de Tartakovsky. Malgré la simplicité et la spontanéité de l'écriture, elle n'en dégage pas moins un message poignant et dramatique. Comment l'atmosphère dramatique se traduit-elle dans l'extrait ? Dans quel but Modiano décide-t-il d'intégrer intégralement la lettre de ce déporté ?
[...] Il y a une préoccupation matérielle sans sous-entendu explicite et une intimité de la lettre que l'on trouve avec « Maman chérie » et « mes très chères », souligné par le verbe « je vous embrasse » conjugué au présent et renforcé par le terme « avec émotion ». Impératif avec « soyez ». Il exige, demande à sa mère, sa femme, malgré l'adversité, de rester fortes, jusqu'à son prochain retour, ou sa prochaine lettre comme montre « à tout à l'heure ». Indicateur de durée, évaluation approximative. Induit qu'ils vont se reparler voire, se revoir. Or le lecteur sait dès le départ que c'est impossible. C'est une émotion pathétique qui renforce le tragique de la lettre. Il y a une répétition du même mot, et donc du son « heure ». [...]
[...] Page 127 – Patrick Modiano (1997) - Explication linéaire de la lettre de Robert Tartakovsky « Pourvu que nous ayons beau temps pour la route Occupez-vous des allocations de ma mère, faites là aider l'UGIF. J'espère que vous serez maintenant réconciliées avec Jacqueline, elle est surprenante, mais chic fille au fond (le jour s'éclaire, il va faire une belle journée). J'ignore si vous avez reçu ma carte ordinaire, si j'aurai réponse avant départ. Je pense à ma mère, à vous. À tous mes camarades qui m'ont si affectueusement aidé à garder ma liberté. [...]
[...] Mais cette exclamation va se montrer tragique et pathétique. En effet, la situation se veut paradoxale, puisque, bien que prochainement envoyé dans un camp, T. évoque simplement la beauté du temps. Son enfermement et la réflexion météorologique se font opposition. Le tragique est d'autant plus renforcé étant donné que le lecteur sait, par réflexion et anticipation, ce qui va lui arriver, à la fin de sa « route ». T semble courageux et serein et préfère ne pas inquiéter les siens, quitte à passer au second plan. [...]
[...] Il s'attachera à garder tout du long de l'extrait un témoignage positif, dans le but de rassurer ses proches. II. Doutes et espoir {« J'ignore si vous avez reçu ma carte ordinaire, si j'aurai réponse avant départ. » « Je pense à ma mère, à vous. » « À tous mes camarades qui m'ont si affectueusement aidé à garder ma liberté. » « Merci de tout cœur à ceux qui m'ont permis de “passer l'hiver”. »} La phrase commence avec les verbes « j'ignore » et « si j'aurai réponse », conjuguée au présent simple et au futur simple. [...]
[...] Dans cet extrait, Modiano décide d'introduire dans la diégèse de son œuvre la lettre de Robert Tartakovsky, un jeune homme interné au camp de Drancy. Il adresse cette lettre à ses proches avant d'être déporté dans les camps de la mort, à l'instar de Dora. Cette coupure volontaire dans la narration marque un point fort émouvant pour le lecteur, qui connaît dès le début de la lettre la fin prochaine de Tartakovsky. Malgré la simplicité et la spontanéité de l'écriture, elle n'en dégage pas moins un message poignant et dramatique. [...]
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