La règle du « lieu de l'ensemble » classique est respectée étant donné que toute l'action se déroule en Sicile. En revanche, l'unité de « lieu particulier » que l'on appelle communément « l'unité d'action », ne l'est pas. En effet, à chaque acte correspond un emplacement différent : deux au sein d'une ville qui n'est pas nommée ( un palais acte I, l'appartement de Don Juan acte IV), deux à l'extérieur ( la campagne et le bord de mer acte II, forêt acte III) et un dernier acte (acte V) aux portes de la ville.
Cette dispersion a une valeur symbolique : elle est accordée à l'appétit du héros qui refuse de borner ses désirs et rêve d'étendre ses conquêtes amoureuses. Ce changement incessant révèle la personnalité instable de Don Juan. Ceci est justifié par Sganarelle dans l'acte I, scène 2 : « Il se plaît à se promener de liens en liens, et n'aime guère à demeurer en place ».
[...] Il doit essuyer l'insolence de son fils qui lui demande s'il veut s'asseoir alors que celui-ci tente de le remettre sur le droit chemin Le héros rencontre également un vieil ermite qui semble être le représentant de Dieu face au diabolique tentateur Enfin, la statue du commandeur qui incarne la vengeance du ciel. Il faut noter l'importance de l'unité de temps au moment où la statue, à la fin de l'acte IV, invite Don Juan à venir demain souper Cette rupture temporelle indique un délai de grâce dont bénéficie le libertin. Don Juan ne saurait être persuadé par tous les arguments présentés par ces personnages, car il est un provocateur. D'abord, il est athée, il provoque la loi divine. [...]
[...] Le premier à avertir le héros est Sganarelle, dans la scène 2 de l'acte I : les libertins ne font jamais une bonne fin ; le Ciel punit tôt ou tard les impies qu'une méchante vie amène une méchante mort Dans l'acte II, scène Elvire prévient également son mari : saches que ton crime ne demeurera pas impuni, et que le même ciel dont tu te joues me saura venger de ta perfidie Dans l'acte IV, scène le propre père de Don Juan lui annonce qu'il va prévenir sur [ lui] le courroux du ciel, et laver par [cette] punition la honte de [l'] avoir fait naître Enfin, dans le même acte, scène Elvire lui réitère son avertissement : vos offenses ont épuisé sa miséricorde, que sa colère redoutable est prête de tomber sur vous. Nous pouvons noter que les personnages qui avertissent Don Juan sont celles qui sont garantes de la défense de la morale et de la religion. [...]
[...] Comme nous l'avons dit, l'élément caractéristique qui fit de Don Juan un mythe, est la série de victimes féminines. Molière ne nous en présent que trois, mais dès la première scène, Sganarelle évoque la liste impressionnante de celles qui les ont précédées : et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousé en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusqu'au soir. Don Juan affiche un parfait mépris pour les femmes qu'il considère comme des objets interchangeables d'une jouissance passagère. [...]
[...] Indirectement, par le jeu de la sottise éberluée, c'est à cette morale et à cette religion qu'il s'en prend. Le résultat est paradoxal : la vertu se trouve immédiatement ridiculisée par son défenseur, l'hypocrisie mise en accusation par un hypocrite. Sganarelle suit Don Juan et se repaît de tout scandale, de toute audace dont il n'a pas à prendre les responsabilités. Sganarelle est donc une espèce de double inférieur et grossier. Alors que celui-ci prétend haïr son maître et ne cesse de le récriminer, affirmant n'être lié à lui que par sa seule peur ; on peut sentir sous cette haine, une sorte de respect. [...]
[...] Si le valet imite son maître c'est qu'en réalité, il l'admire. III. La signification morale Dès le début de la pièce, le personnage de Sganarelle présente les méfaits commis par Don Juan : il aurait déjà épousé plusieurs femmes : tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse ( ) un mariage ne lui coûte rien ( ) il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles, et c'est un épouseur de toutes mains. A la scène 4 de l'acte II, nous découvrons que Don Juan s'apprête à épouser deux jeunes femmes en même temps, alors que précédemment, il était parti enlever une jeune femme fiancée. [...]
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