Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière, 1665, confrontation maître/valet, désavantage de Sganarelle, athéisme, religion chrétienne, sacrilèges, crimes, libertin, valet de comédie, rhétorique, explication linéaire
Notre extrait nous montre un Sganarelle qui tente de ramener son maître à plus de religion, en avançant certains arguments pour lutter contre son incroyance. Or il échoue piteusement face à un Dom Juan qui ne daigne même pas à s'abaisser à disputer (échanger des arguments) avec son valet. C'est précisément ce que le parti dévot a reproché à Molière : faire défendre les thèses respectueuses de la religion par un valet inculte et peu convaincant. Ce qui revenait naturellement à décrédibiliser la religion à l'avantage des thèses des libertins (libres penseurs) et des athées.
[...] Dom Juan laisse éclater son mépris pour la sottise alliée à la suffisance chez Sganarelle, traité de « fat ». Sganarelle persiste dans sa bêtise et réaffirme sa croyance pour le moine bourru : « il n'y a rien de plus vrai que le moine bourru, et je me ferais pendre pour celui-là. » Ce qui fait rire le spectateur : Sganarelle appartient à ces valets de comédie qui font rire par leur bêtise. II. Le rationalisme de Dom Juan Cependant Sganarelle est passé d'une question fermée au début « Est-il possible que vous ne croyiez point au ciel ? [...]
[...] Ce qui revient à assimiler le savoir rationnel à une croyance, un credo métaphysique. Et donc à placer la logique de l'arithmétique bien avant la religion, dénoncée ce faisant comme étant irrationnelle, donc dénuée de fondement. Tirade de Sganarelle, qui est choqué – comme beaucoup de spectateurs à l'époque de Molière – et entreprend de convaincre Dom Juan que la raison ne peut pas tout expliquer dans notre monde. Cependant sa démonstration s'avère plutôt malhabile, et le mutisme de Dom Juan, qui le laisse dire, va le déstabiliser encore plus, au point qu'il finit par « se casser le nez », et avec lui son raisonnement. [...]
[...] » (Toujours le procédé de la question rhétorique ». En fait de raisonnement, Sganarelle montre qu'il est confus dans sa pensée : « j'ai quelque chose dans la tête qui pense cent choses différentes en un moment », puis développe en fait une gestuelle : malhabile avec les paroles, le valet se trouve réduit à parler avec son corps : « Je veux frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds, aller à droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner » Mais cela fait un raisonnement bancal, qui « se casse le nez » : « Il se laisse tomber en tournant. [...]
[...] Dom Juan ou le Festin de Pierre - Molière (1665) : une confrontation maître/valet au désavantage de Sganarelle Dans cette explication linéaire, on va montrer que cette confrontation maître/valet n'est pas à l'avantage du valet : en effet Sganarelle appartient à ce type de valet de comédie qui fait rire par sa bêtise, contrairement à d'autres valets qui brillent par leur intelligence et leur fourberie, parvenant toujours à duper leur maître. Il n'est pas du tout question de cela pour Sganarelle, à la fois horrifié par la vie de son maitre, et admiratif de ses audaces ; les grandes et belles leçons morales que reçoit Dom Juan au cours de la pièce ne viendront jamais de Sganarelle, qui se borne tout au plus, à rappeler sans cesser à son maître que le ciel risque bien de le punir pour tous ses crimes et sacrilèges. [...]
[...] Ce que Dom Juan se refuse à faire : il refuse de répondre (« Laissons cela »), ou répond par des interjections (« Eh », « Ah ah ah »), consent néanmoins à croire au diable, mais marque surtout son impatience par ce oui dit deux fois, qui suggère qu'il veut passer à autre chose. Dom Juan élude. Face à ce mutisme, Sganarelle est contraint de faire lui-même les réponses : « C'est-à-dire que non. », « Tout de même. » Idem ou Même réponse), « Aussi peu. », avant de conclure à un échec : « Voilà un homme que j'aurai bien de la peine à convertir. [...]
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