Dom Juan incarne communément la figure du libertin. On songe d'abord à la liberté des mœurs, sensuelle, parfois associée à la débauche, mais le libertinage est aussi une liberté de pensée, émancipée des carcans de la religion, de la superstition. Dès la première scène de l'acte I, Sganarelle présente son maître sous ce double aspect du libertinage : il ne croit « ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou », il passe cette vie en « pourceau d'Épicure », c'est un « vrai Sardanapale ». Cette scène 2 est celle de l'entrée en scène de Dom Juan et, pour répondre à Sganarelle qui condamne l'infidélité, il se lance dans une justification qui est tout autant une profession de foi que l'autoportrait d'un libertin.
A travers cette tirade, Dom Juan révèle son libertinage. C'est d'abord un libertinage de mœurs ostensiblement exposé, mais encore, le caractère provocateur de ce discours révèle un libertinage d'esprit à l'écart de toutes les normes morales et sociales.
[...] Cet argument est évidemment un grand affront : Dom Juan renverse les valeurs sur lesquelles la société repose. L'ironie avec laquelle il raille ceux qui ont pris le parti de la constance est une autre forme de fronde. Ceux-là, il les nomme les ridicules L'antiphrase lui permet d'accentuer la condamnation de la constance se piquer d'un faux honneur d'être fidèle en introduisant cette dernière dans la formule valorisante la belle chose que Enfin; les hyperboles finales qui renseignent sur l'ampleur des appétits charnels de Dom Juan constituent une ultime provocation par le caractère fanfaron et grandiloquent que le personnage adopte à cet instant. [...]
[...] Cette assurance elle-même est une bravade. La cruauté du personnage Le caractère quasi épique du récit de la conquête amoureuse, sorte de métaphore guerrière, constitue elle aussi une entorse aux conceptions de l'amour communément établies et donc une nouvelle provocation. En effet, Dom Juan recourt au champ lexical de la bataille pour décrire les étapes de la séduction : réduire combattre forcer pied à pied vaincre conquête conquérants triompher (157) . Ses procédés de séduction paraissent d'autant plus révoltants qu'ils sont cruels. [...]
[...] Ce rejet est renforcé par un lexique dévalorisant comme se piquer d'un faux honneur d'être fidèle et d'autres termes déjà cités comme ridicules s'ensevelir il est encore décuplé par la dynamique du discours, quasi violente, créée par les rythmes ternaires qui ouvrent la tirade, les exclamations et l'interrogation qui suggèrent un étonnement si fort qu'il s'apparente à une indignation dans les trois premières phrases ou encore cette double négation en tête de phrase à la ligne 131. Cette condamnation donne lieu ensuite à une justification de l'inconstance caractéristique du libertinage de mœurs. De la justification à l'éloge de l'inconstance Dom Juan dit répondre aux lois de la nature et en ce sens il affiche bien une attitude libertine, proche des sens et loin des lois morales et de la raison sociale. En effet, l. [...]
[...] Dom Juan Acte scène 2 Introduction Dom Juan incarne communément la figure du libertin. On songe d'abord à la liberté des mœurs, sensuelle, parfois associée à la débauche, mais le libertinage est aussi une liberté de pensée, émancipée des carcans de la religion, de la superstition. Dès la première scène de l'acte Sganarelle présente son maître sous ce double aspect du libertinage : il ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou il passe cette vie en pourceau d'Épicure c'est un vrai Sardanapale Cette scène 2 est celle de l'entrée en scène de Dom Juan et, pour répondre à Sganarelle qui condamne l'infidélité, il se lance dans une justification qui est tout autant une profession de foi que l'autoportrait d'un libertin. [...]
[...] Enfin, la justification laisse la place à un éloge plus direct grâce à l'utilisation d'un lexique mélioratif et à celui de la sensualité : on goûte une douceur extrême une jeune beauté charmes attrayants (156) À la fin de cette tirade, Dom Juan prend très ostensiblement le parti de l'inconstance. Le je prend le pas sur le on et il expose son désir impétueux de multiplier les conquêtes. La comparaison à Alexandre et les nombreux termes hyperboliques comme volent perpétuellement de victoire en victoire il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs aimer toute la terre (162) achèvent de peindre Dom Juan en libertin. Une grande sensualité affichée Esthète accompli, Dom Juan affiche une extrême sensibilité à la beauté. [...]
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