« Il suffit d'observer un lecteur de romans, ou de s'observer soi-même, pour se rendre compte que l'attraction et la certitude d'une fin conditionnent sérieusement le fait de lire des romans. Qui n'a e?prouve? qu'on est ge?ne?ralement moins enclin a? lire un re?cit dont on connai?t de?ja? le de?nouement ou dont on sait qu'il ne se de?noue pas parce qu'il est inacheve? ? », (Larroux, 1995).
[...] De fait, cette émotion peut alors se transformer en une motivation à lire ce genre d'ouvrage dans le sens où généralement il permet de s'interroger sur le procédé littéraire. En effet, certains ouvrages inachevés proposent dans leurs éditions les dernières notes de l'auteur qui nous renseignent sur le déroulé de la fin voulue par ce dernier. Ainsi, nous pouvons prendre l'exemple de 53 jours (1989), le dernier ouvrage de George Pérec ou encore La Princesse de Sang (1996), le dernier manuscrit de Jean-Patrick Manchette. [...]
[...] NRF Diderot, Jacques, Jacques le fataliste et son maître, Le Livre de Poche, Paris (pour la présente édition) Haushofer, Maria, Le mur invisible, Actes Sud, Arles pour la traduction française Manchette, Jean-Patrick, La princesse de Sang, Gallimard, Paris Perec, George jours, P.O.L., Paris Proust, Marcel, Du côté de chez Swann, Gallimard, Coll. [...]
[...] De la frustration . : Tout lecteur peut légitimement se poser la question suivante, à savoir : à quoi bon commencer la lecture d'un livre si la fin n'est pas écrite ? Il est vrai que, d'une façon presque inconsciente, si un lecteur sait à l'avance que la fin d'un roman n'a jamais été écrit par son auteur ou réécrite par un tiers, la dépréciation de ce type d'ouvrage est fréquente. Même le titre d'un ouvrage inachevé et édité de façon posthume peut porter la marque d'une sorte de travestissement de la pensée de l'auteur ce qui peut influencer sur le jugement d'un lecteur. [...]
[...] Dès lors, la fin reste donc ce moment particulier pour un lecteur qui peut le faire « basculer » autant vers l'appréciation que la détestation. Ainsi, le roman inachevé, en tant qu'œuvre à part dans la bibliographie d'un auteur, reste ce genre d'ouvrage qui peut faire ressortir des sentiments partagés du fait de l'arrêt généralement brutal du récit. Cependant, il va de soi que le roman n'est pas le seul type de littérature où l'on peut retrouver cette façon d'envisager la lecture. [...]
[...] A contrario, la clausule, quant à elle, reste importante tant le « mot de la fin », pour reprendre le titre de l'ouvrage de Guy Larroux dont est tiré notre citation de départ, peut conditionner le lecteur dans sa façon d'apprécier un ouvrage. En effet, par exemple, lorsque Denis Diderot décide de terminer son roman Jacques le Fataliste et son maître (1796) par la phrase « et moi, je m'arrête, parce que je vous ai dit de ces deux personnages tout ce que j'en sais » (Diderot, 1796), l'auteur annonce une fin largement pressentie, et cela même depuis le début de l'histoire. Ainsi, par ce mot d'auteur, la perception de la fin est plus largement acceptée par le lecteur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture