Le regard fait naître l'amour entre les personnages.
C'est en effet par le biais des regards que se fondent les sentiments. Le regard apparaît alors comme un moyen de communication, il est même plus important que les gestes et que la parole. Il faut noter l'importance primordiale du regard dans les scènes de première vue.
On parle d'ailleurs de scopophilie, c'est-à-dire de fascination par le regard. Dans l'oeuvre, la quête de l'objet démarre toujours par une impression visuelle. Pensons notamment à la scène de rencontre de Mlle de Chartes et de M. de Clèves : dans la bijouterie, ce dernier tombe éperdument amoureux de Mlle de Chartes alors qu'il ne lui a pas adressé la parole, il l'a seulement vu. Pensons également à la scène du bal qui déclenche la passion amoureuse entre le duc de Nemours et Mme de Clèves. Le regard permet l'union, les deux personnages s'éblouissent mutuellement et ils sont placés au centre des regards de la Cour. Le regard du roi légitime particulièrement leur couple temporaire.
On peut également prendre l'affirmation « le regard provoque l'amour » au sens propre. Il est en effet intéressant de savoir qu'à l'époque, il était classique d'envisager le regard comme le vecteur physique de l'amour. Cette tradition a connu un temps fort au XVIe siècle ; on la trouve par exemple chez le philosophe de la Renaissance Marsile Ficin ? et en particulier dans son commentaire sur le Banquet de Platon. Il explique en fait que c'est par les yeux que l'on est contaminé et que l'on transmet la maladie d'amour. Cette tradition qui considère le regard comme le vecteur de propagation de la maladie d'amour remonte même à Galien ? fondateur de la médecine et de la pharmacie moderne ? mais s'est sûrement perpétuée après le XVIe siècle et a probablement laissé des traces jusqu'à l'époque de La Princesse de Clèves. (...)
[...] Celui-ci, croyant que le gentilhomme qu'il avait envoyé pour surveiller Nemours a réellement vu Mme de Clèves commettant l'adultère avec le duc de Nemours, tombe malade de jalousie, et d'une maladie mortelle. Le regard, dangereux et interdit. Au fond, ce n'est pas un hasard si Mme de Clèves se retire à la campagne pour échapper au regard du duc de Nemours. Celle-ci sait très bien que ce jeu des regards entre elle et lui fait progresser et attise les sentiments entre eux sentiments qu'elle cherche à tout prix à renier. [...]
[...] C'est en effet par le biais des regards que se fondent les sentiments. Le regard apparaît alors comme un moyen de communication, il est même plus important que les gestes et que la parole. Il faut noter l'importance primordiale du regard dans les scènes de première vue On parle d'ailleurs de scopophilie, c'est-à-dire de fascination par le regard. Dans l'œuvre, la quête de l'objet démarre toujours par une impression visuelle. Pensons notamment à la scène de rencontre de Mlle de Chartes et de M. [...]
[...] On parle ici de poétique du regard car on assiste à un véritable jeu sur les regards par enchâssement, créant ainsi une mise en abyme et un effet de profondeur. Les regards sont en effet emboîtés, c'est-à-dire qu'il y a une cascade de regards : Mme de Clèves admire le portait du duc de Nemours lors du siège de Metz, elle est elle-même épiée par le vrai duc de Nemours, qui lui-même est observée par le gentilhomme de M. de Clèves ! [...]
[...] En fuyant le regard du duc de Nemours, elle empêche ou du moins fige le développement de leur amour. Toutefois, Mme de Clèves ne fuit pas exclusivement le regard du duc de Nemours, elle cherche également à fuir le regard omniprésent de la Cour. II) La société de Cour, une civilité du paraître. Une société d'apparence. Tout se sait à la cour. Tout se dit, tout s'entend, tout se voit. Les courtisanes et les courtisans s'observent sans relâche et un simple regard comme celui qui scelle la rencontre entre Mme de Clèves et le duc de Nemours peut tout compromettre s'il est saisit par quelqu'un d'autre. [...]
[...] Le duc de Nemours est en effet le personnage voyeur de La Princesse de Clèves : durant toute l'intrigue, il apparaît comme un espion et comme un voyeur. Pensons à la fameuse scène dans laquelle il se cache dans les jardins de la maison de Coulommiers pour épier Mme de Clèves dans son intimité, et qu'il surprend l'aveu que celle-ci fait à son époux. Scène de voyeurisme qui sera d'ailleurs répétée dans la quatrième partie de l'œuvre, et dans laquelle il aura tout le loisir d'épier en admirant Mme de Clèves dans son intimité. [...]
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