Dans cette dissertation sur le recueil de poèmes Alcools de Guillaume Apollinaire, le questionnement porte particulièrement sur la capacité de la poésie d'Apollinaire à "émerveiller le lecteur", cet aspect étant discuté et envisagé avec différents points de vue.
[...] La seconde, Marie Laurencin, est une peintre qu'Apollinaire connut à Paris. Elle représente les amours effacées par le temps, associées à la fuite du souvenir et au passé à jamais perdu. Dans « Le Pont Mirabeau », on ressent bien la mélancolie de l'auteur devant cet amour qui passe et ne revient jamais, à l'instar de l'eau du fleuve. Alcools est donc traversé par un lyrisme certain, ce qui nous permet d'affirmer que le recueil conserve des thématiques et des inspirations habituelles de la poésie. [...]
[...] Pour Apollinaire, l'ivresse permet un vagabondage spirituel qui mène au rêve et au fantastique qui émerveillent tant le lecteur. Il en donne la preuve dans « Vendémiaire », dernier poème de son recueil, dont le titre évoque déjà les vendages et le vin. « Vendémiaire », chant magistral « d'universelle ivrognerie », dévoile un poète insatiable, ivre « d'avoir bu tout l'univers ». C'est donc ainsi qu'Apollinaire « émerveille » : en s'enivrant de poésie, et en invitant le lecteur à faire de même Pour conclure, nous pouvons dire qu'Apollinaire est définitivement un poète qui suscite l'émerveillement du lecteur. [...]
[...] Cette pluralité est également rendue possible par l'utilisation du vers libre la plupart du temps : ainsi dans Alcools les visions, les sens possibles se superposent. C'est en cela qu'Alcools révèle son lien avec le cubisme, mouvement pictural de l'Esprit Nouveau auquel Apollinaire dédie d'ailleurs un ouvrage intitulé Les Peintres Cubistes. En effet, les procédés de dislocation sont fréquents dans Alcools, et les images se superposent à l'instar de celles d'un tableau cubiste. Nous pouvons notamment évoquer le poème « Marie » dans lequel Apollinaire compare la chevelure de la femme aimée à une « mer qui moutonne ». [...]
[...] Aussi dans « Nuit rhénane », le glissement de la réalité du cabaret vers l'évocation fantastique des Ondines inquiète l'auteur qui cherche à se raccrocher au banal avec la présence de filles blondes « aux tresses repliées » et « au regard immobile ». Cependant, ce cheminement est rendu possible par l'ivresse du poète, thème important que nous allons aborder tout de suite. Enfin, cette sublimation et cet émerveillement sont déclenchés par un élément central du recueil, puisqu'il lui doit son titre : l'ivresse. Alcools, qui devait initialement s'appeler Eau de Vie, conserve profondément ancrée l'ivresse comme vecteur de la création poétique. Comme le dirait Baudelaire dans son poème « Enivrez-vous » : « il faut être toujours ivre, tout est là ». [...]
[...] La source d'inspiration la plus récurrente dans l'évocation de figures surnaturelles reste la mythologie rhénane. Ce penchant de l'auteur qui s'explique par le séjour qu'il a réalisé en Allemagne en 1901, sur les bords du Rhin, période durant laquelle il tombe amoureux d'Annie Playden. Cette influence des légendes germaniques et du paysage rhénan se retrouve particulièrement dans le cycle Rhénanes du recueil : on y trouve notamment des poèmes comme « La Loreley », inspiré du mythe rhénan du même nom. [...]
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