« Une oeuvre théâtrale valable, paradoxalement, devrait ne pas plaire à la lecture à ne révéler sa valeur qu'à la réalisation scénique. » En tenant ces propos, Dario Fo s'inscrit dans toute une pensée de gens du théâtre, qui ont remis en cause la domination dévolue au texte théâtral pour recentrer l'éclairage sur sa représentation, sa mise en scène.
Bien avant lui, Molière, qui, en qualité de dramaturge, metteur en scène et comédien, a appréhendé la duplicité du genre théâtral, a lui aussi, en envisageant une position moins radicale que celle de Dario Fo et de ses contemporains, revendiqué la théâtralité que constitue toute pièce de théâtre. Ainsi, il a pu dire dans son « avis au lecteur » précédant L'Amour médecin : « On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir, dans la lecture, tout le jeu du théâtre. »
[...] « Le théâtre est un compromis entre le dit et l'écrit » :
Thèse de Larthomas in Le langage dramatique. D'après lui, c'est de cette tension que naît le sens. Le langage dramatique est caractérisé par le fait d'être dans un entre-deux constant. A la fois capacité de se couler dans un texte et capacité de s'extérioser sur scène. Il y a donc des éléments communs par lesquels scène et texte se superposent.
Ex : une caractéristique du langage dramatique sur laquelle se rejoint lecture textuelle et visuelle = la double énonciation. Elle parle à la fois au lecteur et au spectateur en établissant une communication privilégiée entre certains personnages et le lecteur / spectateur : il en sait alors plus que certains personnages.
Ex : Néron derrière le rideau quand Junie dit à Britannicus qu'elle ne l'aime plus. Seul le lecteur / spectateur sait que ce n'est pas vrai.
Ainsi, double énonciation et ironie dramatique (cf. ?dipe) sont donc deux éléments auxquels ont accès le lecteur et le spectateur : aucun des deux n'est plus privilégié que l'autre. (...)
[...] Cependant, une lecture vivante, peut-être à voix haute, est possible, car le théâtre est un genre double, ambivalent, qui joue sans cesse entre l'écrit et le dit Appartenant à la fois à la littérature et aux arts de la scène, une pièce de théâtre a un statut privilégié dans la sphère littéraire, celui d'être un texte qui peut et doit prendre forme, prendre chair, d'où le plaisir des lecteurs et des spectateurs, qui ne se dément pas depuis l'Antiquité. En cela, le théâtre relève bien de l'art total. [Citation qui peut servir dans dissert' sur théâtre : Aucune représentation n'explique miraculeusement le texte. Jean-Pierre Ryngaert in Introduction à l'analyse du théâtre. [...]
[...] Il y a donc des éléments communs par lesquels scène et texte se superposent. Ex : une caractéristique du langage dramatique sur laquelle se rejoint lecture textuelle et visuelle = la double énonciation. Elle parle à la fois au lecteur et au spectateur en établissant une communication privilégiée entre certains personnages et le lecteur / spectateur : il en sait alors plus que certains personnages. Ex : Néron derrière le rideau quand Junie dit à Britannicus qu'elle ne l'aime plus. [...]
[...] Une modalité spécifique de la représentation : le théâtre dans le théâtre : Texte et représentation sont liés par cette caractéristique. Le texte dit alors lui-même sa représentation. Ex : L'Illusion comique de Corneille : Pridamant voit pièce que joue Clindor (son fils) et ses amis. Et cette pièce est vue, de même que Pridamant regardant jeu, sont vus / lus par le spectateur / lecteur. La mise en abyme réunit donc le texte et la représentation. La mise en scène est une lecture : En effet, elle est souvent interprétation. [...]
[...] Ce qui fait la spécificité même d'une pièce de théâtre, c'est donc de pouvoir être jouée, les comédies ne sont faites que pour être jouées nous dit Molière. Comment expliquer alors le plaisir que procure tout de même la lecture d'une pièce ? Qu'est-ce qui fait que Molière lui-même envisage la possibilité de lire ses pièces ? Ou : Affirmer la richesse que procure la théâtralité à une pièce de théâtre est capital : une pièce de théâtre ne peut être lue comme un texte romanesque ou un poème. [...]
[...] Bien avant lui, Molière, qui, en qualité de dramaturge, metteur en scène et comédien, a appréhendé la duplicité du genre théâtral, a lui aussi, en envisageant une position moins radicale que celle de Dario Fo et de ses contemporains, revendiqué la théâtralité que constitue toute pièce de théâtre. Ainsi, il a pu dire dans son avis au lecteur précédant L'Amour médecin : On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir, dans la lecture, tout le jeu du théâtre. [...]
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