La réflexion sur le théâtre pose sans cesse le problème de sa légitimité. Déjà Aristote dans sa Poétique cherchait à définir le genre dramatique, à justifier le plaisir du spectacle, à lui trouver un sens, une utilité, comme si le spectateur ne pouvait soutenir l'idée d'une quelconque gratuité. Il s'agit de définir son statut, de lui accorder une finalité. Le théâtre tient un rôle fondamental dans nos sociétés occidentales; ces interrogations conditionnent notre façon d'aborder les textes et nous permettent de mieux apprécier la portée du geste dramatique.
Jean-Louis Barrault, metteur en scène et comédien du XXème siècle, s'interroge sur le rôle de la pratique théâtrale. Dans ses Nouvelles Réflexions sur le théâtre, il écrit: « Le théâtre est le premier sérum que l'homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l'Angoisse ». Réfléchissant ainsi sur la naissance de l'acte dramatique, il semble lui attribuer pour finalité une action médicale préventive, destinée à protéger l'Homme d'un mal existentiel qui se traduit par l'angoisse. Cependant, cette conception soulève un certain nombre de question. Peut-on assigner au théâtre, en tant que spectacle et genre littéraire, une finalité médicale, sans pour autant nier ses autres aspects? Dans quelles mesures s'applique-t-elle? Quelle est la relation que le théâtre entretient avec l'angoisse? Cette définition s'applique-t-elle à tous les genres théâtraux?
[...] Le langage devient alors vecteur de poésie, et Racine peut alors, à travers un langage singulier, élever l'expression de l'angoisse, et l'ériger ainsi en objet esthétique. D'autre part, Victor Hugo définit le théâtre comme un miroir de concentration Pour lui, le drame doit permettre la contemplation du sublime et doit inspirer chez le spectateur l'émotion. Dans Ruy Blas, par exemple, l‘angoisse se caractérise par un héros, en marge de la société, qui est épris de la reine. Alors que cet amour semble trouver une issue, la machine mise en place par Don Salluste dévoile à la fin ses rouages. [...]
[...] Il existe ainsi une double catharsis comique : une catharsis dionysiaque, faite de participation affective, d'émotion portée au paroxysme (la convulsion du rire), et une catharsis apollinienne, faite de détachement critique. Le Théâtre présente donc différentes caractéristiques qui le lient à l'angoisse et lui permet de l'exprimer. La catharsis, qui opère dans les différents genres dramatiques, permet de protéger l'homme de l'angoisse, tendant ainsi vers la normalisation, le retour à la sagesse. Cependant, si le théâtre présente toutes les caractéristiques d'un sérum, il semble que cette finalité ne soit pas exclusive. Les autres aspects qui participent au plaisir du spectacle tendent à le rejeter au second plan. [...]
[...] Le geste dramatique cherche à protéger le spectateur par la mise en scène de l'angoisse. Le théâtre apparaît premièrement comme une représentation raisonnée et stylisée d'un moment de vie : le geste dramatique est le fruit d'un effort de réflexion sur la destinée humaine puisqu'il s'agit de rebâtir un semblant d'existence, de rendre le monde maniable. Composer une pièce, c‘est se poser le problème du sens. Le théâtre et l'angoisse sont donc étroitement liés. En effet, pour mieux comprendre ce que Barrault entend par angoisse il s'agit de la définir dans le contexte du XXème siècle. [...]
[...] Ainsi, une certaine gratuité anime le théâtre qui cherche alors à plaire et à divertir ; le spectateur ne cherche donc plus dans le théâtre un refuge pour se protéger de l'angoisse, mais y trouve un lieu où il peut exprimer librement son euphorie et ses fantasmes. Enfin, une représentation théâtrale implique la participation de plusieurs domaines artistiques, comme la musique, les arts plastiques et architecturaux, l'art du langage corporel et de la parole. En effet, la scène apparaît comme le lieu qui suscite l'émotion esthétique. [...]
[...] La représentation de l'action respecte la règle des trois unités (de temps, de lieu, d'action) puisque l'intrigue se déroule tout le long de la pièce à Rome, dans un cabinet qui est entre l'appartement de Titus et celui de Bérénice et ne traite que des passions éprouvées par Bérénice, Titus et Antiochus. L'action représentée se situe à la fin de la fable, lorsque Titus renvoie Bérénice en Palestine, malgré lui et malgré elle, alors qu'il avait promis de l'épouser. Composée en alexandrin, la pièce, qui se divise en actes et en scènes, est construite à partir d'un dénouement déjà connu du spectateur (Racine le rappelle en effet dans la préface). [...]
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