Les dialogues d'une pièce de théâtre sont peu naturels. Lors de l'écriture de ceux-ci, le dramaturge choisit les arguments qui défendent chacun une thèse. Il laisse transparaître ses convictions personnelles, décidant ainsi à quel personnage donner raison. Les arguments destinés à défendre la thèse partagée par l'auteur sont plus convaincants que ceux destinés à défendre la thèse adverse. La scène de théâtre alors écrite représente donc un débat pipé par l'auteur lui-même et est artificielle. Dans la pièce La Tête des autres, écrite par Marcel Aymé en 1952, un procureur obtient la condamnation à mort d'un homme mais ce dernier s'échappe et apporte à l'homme de justice la preuve irréfutable de son innocence. Dans ce plaidoyer, l'auteur montre que cette peine peut être infligée à tort. Les arguments contre la peine de mort sont plus forts que ceux en sa faveur. Cependant, les arguments choisis par l'auteur pour justifier cette sentence ne sont pas les plus convaincants, permettant facilement à cette pièce de dénoncer une telle peine. Lors d'un aparté, un personnage s'adresse au public sans que les autres protagonistes sur scène ne puissent l'entendre. Le spectateur accepte volontiers la situation, bien qu'il sache qu'elle est impossible, car il tisse une relation avec le personnage à l'origine de l'aparté. Cet outil est avant tout un artifice quoiqu'il permette de créer une complicité entre les protagonistes et l'auditoire. Dans L'Avare ou l'Ecole du Mensonge, écrite en 1668 par Molière, Harpagon est un bourgeois avare, père de deux filles Cléante et Elise. Lors d'un dialogue entre l'avare et le valet de sa fille Cléante, appelé La Flèche, ce dernier use d'un aparté renforçant le comique de la scène. Même si le spectateur se sent alors proche de ce personnage, cette action n'est pas naturelle et demeure artificielle. L'auteur doit faire face à la difficulté d'exprimer les pensées des protagonistes (...)
[...] Il facilite ainsi la dénonciation du mensonge et de l'hypocrisie. La pièce Le Dindon de Georges Feydeau, écrite en 1896, donne à voir un cadre réaliste et des personnages confrontés à un problème connu des spectateurs : l'infidélité et la série de mensonges qu'elle entraîne. La possibilité de s'identifier aux personnages et le réalisme de l'environnement présenté permettent de révéler le mensonge de l'infidélité. Le théâtre aborde aussi des thèmes dits tabous. Les spectateurs ont souvent des idées fausses à propos de ces derniers. [...]
[...] Dans la comédie d'intrigue Le Mariage de Figaro, écrite par Beaumarchais en 1784, un homme nommée Figaro désire se marier avec Suzanne mais tous deux sont convoités par d'autres personnages. Le spectateur en apprend beaucoup sur l'opinion que Figaro a des autres protagonistes lors de son monologue. Ce dernier paraît d'autant plus artificiel qu'il est long. La réalisation d'un tel monologue dans la réalité est inconcevable. Le lieu dans lequel évoluent des personnages durant une scène doit être représenté pour permettre une immersion du spectateur dans l'intrigue. Cela passe notamment par des fonds sonores caractéristiques de lieux. [...]
[...] Le traitement de ce thème mène l'auditoire à revoir ses idées. Selon le déroulement de l'intrigue, elles peuvent être confortées ou remises en question. L'hypocrisie du public de croire que seules ses opinions peuvent être exactes est levée. Par exemple, l'esclavage était accepté et soutenu par la majorité des citoyens du XVIIIe siècle. Cette pratique est le thème de L'Île des esclaves, en 1725 par Marivaux. Cette pièce la dénonce en insistant sur le point de vue de l'esclave. Le spectateur, en étant confronté à l'expérience d'une victime de l'asservissement, revoit ses idées. [...]
[...] La pièce de Ionesco Rhinocéros, publiée en 1959, évoque un village dont les habitants se transforment peu à peu en rhinocéros. Le village est représenté sur scène mais n'est que pure invention. Les acteurs doivent feindre une proximité avec ce lieu qui n'est pas réel. Le théâtre classique doit respecter la règle des trois unités : unité d'intrigue, unité de temps et unité de lieu. Cette dernière nuit à la crédibilité de l'œuvre car il semble impossible qu'une intrigue complexe ne trouve son dénouement en moins de vingt-quatre heures. Cela semble invraisemblable. Le théâtre classique s'éloigne ainsi de la réalité. [...]
[...] Il profite ensuite du départ de celui-ci pour entamer un monologue où il critique ouvertement la réaction de son ami. Il fait ainsi part au public de son hypocrisie. La tirade permet à un personnage d'argumenter sur un sujet. Il doit expliquer son raisonnement afin de convaincre son auditoire. Pour cela il pousse sa réflexion et révèle ses pensées. Pris par la frénésie de la parole, il ne réfléchit plus quant aux conséquences de ses paroles. Il est amené à dévoiler son véritable visage. [...]
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