La nouvelle transporte le lecteur : elle est courte, souvent risible, axée sur une réalité parfois banale et dont la chute est inoubliable. Elle est un chemin vers le coeur en tant qu'elle marque la sensibilité du lecteur par son caractère plaisant, et sa mémoire par une chute inattendue. La nouvelle est censée se lire en une fois, ce qui permet une nette concentration sur le récit et sur un ou des personnages de l'histoire.
« Elle voyage léger, ce qui ne veut pas dire court. Elle prend moins de mots, c'est un raccourci vers le coeur ». La nouvelle comporte néanmoins des caractéristiques discutables.
Dans quelle mesure cette citation est-elle applicable aux oeuvres du programme et quelles sont les limites à prendre en compte ?
Nous aborderons la légèreté de la nouvelle pour ensuite étudier ses limites, puis nous nous focaliserons sur ce genre en tant qu'il peut agir comme apologue.
Tout d'abord, la nouvelle transporte le lecteur grâce à une légèreté indéniable. C'est un atout considérable puisqu'il est possible de la lire sans interruption, ce qui permet une focalisation sur l'anecdote et sur la chute, qui n'en demeure de ce fait que plus inoubliable. Ce genre littéraire ne propose pas de longues descriptions qui atrophient parfois le plaisir du lecteur et étouffe l'intrigue. Elle se concentre uniquement sur le récit d'une réalité souvent banale, que l'on peut avoir connue et à laquelle on peut pourquoi pas s'identifier. Dans La Peur de Stefan Zweig, l'auteur insiste énormément sur la description psychologique d'Irène, son personnage principal. Il s'attache plus à son état d'esprit, la peur, pour inviter le lecteur à mieux comprendre Irène et lui faire partager ce sentiment, pour entrer toujours plus au coeur même de l'histoire.
Par ailleurs, l'introduction d'un récit-cadre projette le lecteur in medias res, ce qui permet une focalisation, un encrage du lecteur intense dans la nouvelle. (...)
[...] Ainsi, la nouvelle voyage léger par sa brièveté, son côté risible et donc plaisant. Néanmoins, les limites de la citation exposée sont perceptibles. Effectivement, plusieurs points peuvent paraître foncièrement discutables. Tout d'abord la brièveté ; certes, une nouvelle est plus courte qu'un roman mais nous pouvons nous interroger sur la longueur de certaines nouvelles, comme La Peur de Zweig, ou certaines de Tchekhov, comme Un Royaume de Femmes ou Douchetchka, mettant toutes les deux en scène des femmes ayant peu de caractère. [...]
[...] Dans La Peur, Zweig insiste nettement sur le stratagème d'Irène pour échapper à celle qui prétend être la femme de son amant. Elle s'enfonce dans des mensonges dont elle mesure elle-même l'absurdité et reste avec un amant qu'elle n'aime pas, presque par convention. Maupassant attaque violemment la religion, quand, dans Boule de Suif, ce sont les deux bonnes sœurs qui persuadent et font céder l'héroïne aux avances du prussien. Dans Mal de Lune de Pirandello et Les Garces de Tchekhov, les femmes mettent au point des plans machiavéliques, respectivement pour séduire un homme et leurs maris. [...]
[...] En outre, la risibilité des nouvelles est également discutable : La Peur de Zweig, La Mouche et La Vengeance du Chien de Pirandello, L'Aveu et Le Lit 29 de Maupassant ; autant de nouvelles qui ne sont pas axées sur un comique de situation ou quelque autre élément drôle. Les thèmes de la vengeance, de la fidélité et même de la mort y sont largement évoqués. La légèreté apparente n'est qu'apparence puisqu'à première vue, la nouvelle ne comporte pas de discours théoriques. [...]
[...] Nous aborderons la légèreté de la nouvelle pour ensuite étudier ses limites, puis nous nous focaliserons sur ce genre en tant qu'il peut agir comme apologue. Tout d'abord, la nouvelle transporte le lecteur grâce à une légèreté indéniable. C'est un atout considérable puisqu'il est possible de la lire sans interruption, ce qui permet une focalisation sur l'anecdote et sur la chute, qui n'en demeure de ce fait que plus inoubliable. Ce genre littéraire ne propose pas de longues descriptions qui atrophient parfois le plaisir du lecteur et étouffe l'intrigue. [...]
[...] Scalpel ou loupe, ce genre reste une véritable invitation à décrypter la surface trop lisse des choses. Les auteurs proposent des réflexions à travers des réalités, des événements banals, notamment sur la vengeance avec Une Vendetta de Maupassant, et La Vengeance du Chien de Pirandello, le désir souvent absent avec La Peur de Zweig où Irène prend un amant pour lutter contre l'ennui et le garde par habitude L'amour est également un thème capital chez chacun des auteurs où il est souvent source de malheur et de conflits si ce n'est pas l'amour, c'est justement son absence pour mettre en avant le malheur des femmes confrontées aux mariages arrangés. [...]
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