Si nombre de lecteurs privilégient les passages narratifs ou les dialogues dans la lecture d'un roman, la description romanesque n'en est pas pour autant inutile, remplissant de nombreuses fonctions. Dans quelle mesure les descriptions dans le roman révèlent-elles la vision qu'a l'écrivain de l'homme et du monde ? La description n'a-t-elle qu'une fonction interne au roman ou est-elle un moyen pour le romancier d'exprimer sa conception du monde ? Dans un premier temps, nous verrons que les passages descriptifs ont pour fonction de donner à voir le monde, mais à travers un regard, celui du narrateur, qui peut parfois être un personnage de l'intrigue qui se noue. Enfin, nous montrerons que ce point de vue peut aussi révéler la vision du monde du romancier.
La première fonction, évidente et essentielle, de la description dans un roman est de permettre au lecteur de voir le monde dans lequel va se dérouler le roman. Elle lui permet de visualiser l'univers qui est présenté et les personnages qui l'habitent.
En général, les romans développent une action dans un cadre donné, souvent inconnu du lecteur, soit parce qu'il n'a jamais fréquenté le lieu, soit parce qu'il s'agit d'une époque qu'il n'a pas vécue, soit même que le milieu socio-économique évoqué lui est étranger. La description lui donne des indications afin qu'il puisse construire cet univers qu'il ne peut connaître par ailleurs. Elle peut ainsi solliciter les différents sens, de manière à ce que le lecteur puisse se faire une parfaite représentation du cadre de l'action. C'est notamment le cas de la fresque romanesque des Rougon-Macquart, dans laquelle Zola souhaite aborder l'influence du milieu sur l'homme et les tares héréditaires d'une famille, en présentant la société du Second Empire. Ainsi, au-delà de l'intrigue et des personnages, chacun des vingt tomes fait une large place aux grandes transformations de la société du XIXe siècle (urbanisme haussmannien de Paris, grands magasins, développement du chemin de fer, travail dans les mines de charbon, apparition du syndicalisme moderne...) (...)
Plan
Introduction
I) Les descriptions ont pour fonction de donner à voir le monde, mais à travers un regard, celui du narrateur, qui peut parfois être un personnage de l'intrigue
II) Un point de vue qui peut aussi révéler la vision du monde du romancier
Conclusion
[...] Si la région est située à l'ouest de Tours et le château célèbre pour avoir hébergé régulièrement l'auteur pour trouver calme et sérénité nécessaires à l'écriture, la description y est biaisée en quelque sorte par l'enthousiasme amoureux de Félix qui voit la vallée comme la femme qui y habite, ornée d'émeraudes et de dentelles Ainsi, la description donne autant à deviner les émotions du personnage qu'elle n'ouvre une fenêtre sur le monde. Parfois cependant, la description semble dissociée de tout regard. Elle est entièrement prise en charge par le narrateur omniscient. Ainsi, le portrait du père Grandet, dans le roman Eugénie Grandet de Balzac, semble être celui que pourrait faire n'importe quel habitant de Saumur, croisant l'ancien tonnelier avare. [...]
[...] Dans quelle mesure les descriptions dans le roman révèlent-elles la vision qu'a l'écrivain de l'homme et du monde ? Vous répondrez dans un développement organisé, en vous appuyant sur les textes du corpus, les romans étudiés en classe et vos lectures personnelles. Si nombre de lecteurs privilégient les passages narratifs ou les dialogues dans la lecture d'un roman, la description romanesque n'en est pas pour autant inutile, remplissant de nombreuses fonctions. Dans quelle mesure les descriptions dans le roman révèlent-elles la vision qu'a l'écrivain de l'homme et du monde ? [...]
[...] Les descriptions ne portent pas nécessairement sur les lieux ou les objets et peuvent également donner à voir les personnages, permettant alors de parler de portraits. Ainsi, le duc de Nemours est longuement décrit dans La Princesse de Clèves, roman de Madame de La Fayette. Ce portrait donne des indications sur le physique de l'homme du monde le mieux fait et le plus beau mais aussi sur son comportement, ses goûts ou encore sa manière de s'habiller. Le lecteur peut donc se figurer le personnage et comprendre pourquoi il va séduire la princesse de Clèves. [...]
[...] Elle peut ainsi solliciter les différents sens, de manière à ce que le lecteur puisse se faire une parfaite représentation du cadre de l'action. C'est notamment le cas de la fresque romanesque des Rougon-Macquart, dans laquelle Zola souhaite aborder l'influence du milieu sur l'homme et les tares héréditaires d'une famille, en présentant la société du Second Empire. Ainsi, au-delà de l'intrigue et des personnages, chacun des vingt tomes fait une large place aux grandes transformations de la société du XIXe siècle (urbanisme haussmannien de Paris, grands magasins, développement du chemin de fer, travail dans les mines de charbon, apparition du syndicalisme moderne Ainsi, au début du Ventre de Paris, troisième tome de la saga, Zola, en chef de file incontesté du naturalisme, prend le temps de faire une description du marché des Halles dans lequel se déroulera le roman. [...]
[...] Dès lors, la description dans le roman a pour objectif de donner à voir un monde au lecteur. Elle s'adresse à son imaginaire et lui permet de construire l'univers dans lequel va se dérouler l'action et de le peupler de personnages bien définis. Toutefois, même quand elle prend un aspect scientifique, dans le roman naturaliste par exemple, la description n'est jamais neutre. Le lecteur est toujours amené à percevoir à travers un point de vue. Le plus souvent en effet, la description n'est pas coupée du récit. [...]
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