La relation entre le poète et son lecteur

Résumé du document

Dissertation de Littérature ayant pour sujet : "Victor Hugo affirme dans la préface des Contemplations : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous » tandis que Baudelaire interpelle son lecteur en le nommant « mon frère, mon semblable ». Partagez-vous, en tant que lecteurs de poésie, cette conception du rôle du poète et cette vision de la réalité entre le poète et son lecteur ?".

Extraits

[...] Par ses descriptions de sensations personnelles, le poète permet au lecteur d'éprouver, de ressentir et de vibrer. Rimbaud, dans son poème intitulé Mémoire parle de "l'eau claire ; comme le sel des larmes de l'enfance" et de "l'haluné des peupliers d'en haut" qui "est pour la seule brise". Ces vers, dés la première lecture, suscitent un frisson, une émotion légère puis apparaissent comme une expression de la liberté de l'émotion symbolisée ici par l'eau et le vent. Il transmet au lecteur une expression durable et brulante de la passion vécue dans l'instant présent et ces passions seront toujours aussi fortes chez le lecteur à chaque lecture. [...]

[...] Le poète tend-il un miroir à son lecteur? Un miroir révélateur de sentiments inaccessibles bien que communs à tous? Car le poète, bien qu'il soit un homme comme les autres en apparence, semble cependant très différent ne serait-ce que parce qu'il cherche à sensibiliser l'humanité à tout ce qu'il perçoit. Cette citation de Hugo "Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous" illustre l'idée que le poète n'est, après tout, qu'un homme comme les autres avec ses préoccupations, ses joies, ses appréhensions communes au lecteur. [...]

[...] Une liberté commune à tous pour que chacun puisse profiter de tout ce qui l'entoure. Lui se sent presque libre (sa condition mortelle empêche la totale liberté) et cependant oppressé par le fait que l'autre ne le soit pas. Il montre au lecteur son propre état, commun à tous pour le sensibiliser à cette unité de tous dans les sensations mais surtout dans la fatalité. Lautréamont, contemporain de Rimbaud disait "La poésie doit être faite par tous. Non par un."; comme la liberté doit être sentie et vécue par tous. [...]

[...] Il essaye de toucher par ses sentiments et son expression personnels ce qui est commun à tout homme, une sensibilité, l'humanité. Le poète sert donc au lecteur de "guide émotionnel". Il exploite sa sensibilité et son désir de beauté sonore pour tenter de satisfaire le possible manque d'émotion du lecteur. Celui-ci enrichit sa propre sensibilité et gagne une perception toujours variée du monde et ainsi une plus grande richesse d'esprit. "Je suis celui qui inspire" disait Eluard et ainsi il inspire le lecteur. Le poète, cet homme si "différent", si "étrange" apparaît en réalité comme le reflet du monde. [...]

[...] Le meilleur exemple de cet engagement politique est certainement le même Victor Hugo qui n'hésite pas à s'opposer à Napoléon III par la rédaction des Châtiments. Mais, plus que la société et les sentiments, ce qui rapproche le plus le poète de son lecteur reste sans doute la condition de mortel. Le poète comme celui qui le lit sait qu'il va mourir. Il connait sa destinée à laquelle il ne peut échapper. Le poète est lui aussi très préoccupé par cette idée de fin : la fatalité contre laquelle il ne peut rien faire. [...]