Si la guerre est une réalité « qui se nourrit de nos erreurs » (Michael Veuillet), il convient alors de l'apprivoiser car, ainsi que pensait Sénèque, “La crainte de la guerre est encore pire que la guerre elle-même. ”
[...] C'est pourquoi, nous pouvons nous demander : en quoi la lecture des romans peut-elle nous permettre de mieux comprendre des sujets graves, comme celui de la guerre? Nous reviendrons, dans un premier temps, sur le rôle du roman en en tant que support et œuvre de fiction. Puis, nous verrons, dans un second temps, comment il peut se charger de transmettre, transposer et parfois transfigurer le réel, pour mieux autoriser le lecteur à se l'approprier et s'y identifier. Le roman est d'abord une œuvre d'art, une histoire, souvent subjective, permettant l'émancipation de ses lecteurs d'un monde réel parfois trop dur. [...]
[...] Les escadrons énormes s'ébranlèrent. Alors on vit un spectacle formidable »(Les Misérables, Victor Hugo, 1862), visant à faire adhérer son lecteur à la dimension héroïque que pouvait prendre le soldat lancé au combat. D'autres romanciers choisissent le roman comme lieu de description du réel, tel Marc Dugain qui, dans La chambre des Officiers, offre une vision crue et grave de ces gueules cassées défigurées par les combats. Enfin, il en est d'autres comme Joseph Kessel, qui dans L'équipage (1923) propose tout à la fois, une vision réaliste de ce grand conflit, estompée par une envolée héroïque, qui contraste enfin, avec un point de vue très naïf sur la guerre. [...]
[...] Mais sous les traits et les conversations de ces personnages, c'est tout un monde qui prend vie : peu à peu palpable, identifiable sous les yeux d'un lecteur captivé et prêt à suivre le narrateur et le romancier. Ainsi cette capacité à convoquer le réel, par l'entremise de l'imaginaire est-elle propice à engendrer autant d'occasions de « dire » le réel, de s'y confronter, tout en y ajoutant une charge supplémentaire. Le roman devient outil de compréhension du monde. Ainsi, l'auteur du Collier Rouge ne se contente pas de « dire » la guerre, mais à travers les mots de son personnage et la comparaison de l'homme à l'animal notamment, il critique vivement l'absurdité de la guerre. [...]
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