Dissertation de Littérature (niveau Lycée) entièrement rédigée ayant pour sujet : "Le poète parle-t-il pour tous ?". Cette interrogation se base sur une conférence prononcée par Paul Eluard, à Londres en 1936, et dans laquelle il affirme que les poètes possèdent « l'assurance de parler pour tous ».
[...] Le mot n'est plus nécessairement choisi pour son sens ou pour sa dénotation mais pour ses sonorités et sa puissance suggestive. De la même manière, le poète utilise pour s'exprimer des images qu'il rapproche et relie entre elles pour former une nouvelle réalité dans laquelle il parviendrait à enfermer son émotion et la garder intacte. Les images, de plus en plus recherchées et complexes, le signifiant et le signifié souvent très éloignés dans la réalité rendent parfois le sens du poème obscur. [...]
[...] Si le poète est dicté par son âme, son cœur, ses sentiments et ses souvenirs, il en est de même pour les mots qu'il utilise. La poésie est un art et un jeu du langage dont le poète utilise toutes les ressources pour démultiplier la puissance et la signification de ses mots. Comme l'a dit Jacques Audiberti dans son ouvrage La Jeune poésie et ses harmoniques : chaque poète se taille un langage dans le langage comme s'il découpait un étendard dans le parquet de l'univers, un tapis volant, un autre monde, un Mexique, un lexique. [...]
[...] Enfin, le poète ne peut réellement s'exprimer pour tous dans le sens où son art et son talent fait de lui un être différent, bien souvent supérieur aussi bien intellectuellement que moralement à son monde. Si le poète ne peut s'exprimer pour tous c'est tout d'abord parce que tous ne possèdent pas la possibilité ou la volonté de l'écouter. Dans l'extrait final du Contre-Ciel, par exemple, le poète de Daumal appelle le peuple à la révolte : Aux armes ! À vos fourches, à vos couteaux, à vos cailloux, à vos marteaux vous êtes mille, vous êtes forts, délivrez-vous, délivrez-moi ! je veux vivre, vivez avec moi ! [...]
[...] Cette supériorité qui l'enferme et l'exclut alors de sa société représente bien souvent le revers douloureux du génie comme l'a exprimé Baudelaire dans son poème l'Albatros Grâce au motif symbolique des grandes ailes blanches le poète s'identifie à l'albatros dont les ailes, une fois qu'il est prisonnier au sol représentent un handicap important, le rendant gauche et veule De la même manière, le poète, lorsqu'il est plongé dans le quotidien ne peut s'y adapter. Sa supériorité et l'incompréhension de son art et de sa personne attire bien souvent les railleries des hommes. Cependant, si la poésie a évolué au cours de l'histoire littéraire, il en est de même pour la place du poète. [...]
[...] Ainsi, les sensations et les émotions exprimées par le je pouvant être caractéristiques aussi bien de l'âme et du comportement humain, que de l'état d'esprit d'une époque peuvent aisément être partagées par un lecteur qui n'aurait su les exprimer. La poésie devient alors le théâtre de toutes les émotions. Elle peut alors devenir un exutoire à la douleur et au chagrin, comme c'est très souvent le cas dans la poésie romantique où l'expression de la souffrance prend, par exemple, la forme d'un questionnement existentiel qui ne réfléchit plus seulement à la place de l'homme dans la vie mais, à la raison d'être de sa propre existence au monde. [...]
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