Le corpus est composé de trois documents : le premier est un récit, extrait des Métamorphoses d'Ovide à l'origine du mythe d'Icare (Ier siècle), le second, un poème de Baudelaire reprenant le mythe dans un style romantique (XIXème siècle) ; et le troisième est une toile du peintre italien Galileo Chini (XXème siècle : Art nouveau).
[...] Les êtres humains n'ont cessé de vouloir voler, tels des oiseaux, multipliant les représentations en ce sens (les super-héros à l'américaine en sont l'exemple parfait). Icare incarne ainsi la volonté de l'homme de vouloir aller toujours plus loin et toujours plus haut, repoussant les limites de sa propre condition. D'autres mythes, tel celui de Sisyphe, mettent en avant la vanité de l'action humaine. Condamné à hisser au sommet d'une montage, un gros rocher rond, qui en descendait aussitôt arrivé en haut. Ce mythe est d'ailleurs repris par Camus condamnant le travail inutile et répétitif de l'ouvrier moderne. [...]
[...] Quant à la toile de Galileo, si l'image de la chute est conforme à l'idée que l'on pourrait s'en faire, sur un fond de soleil couchant, elle n'en demeure pas loin quelque peu éloignée du mythe qui précise que « l'enfant n'agite plus que ses bras nus », les plumes étant tombées. Les mythes, contrairement à ce qu'ils pourraient laisser paraître ne sont pas seulement des contes amusants. Tout comme la science, ils cherchent à éclairer le monde et le questionnent. Certes, les mythes n'expliquent pas tout, mais ils sont à la base des connaissances mais aussi des réflexions actuelles. Aussi, comment (par quels moyens et dans quelles dimensions) les mythes et leurs réécritures nous aident-ils à réfléchir ? [...]
[...] Un aspect moralisateur et paternel transparaît également dans le mythe d'Icare. Il incarne la deuxième dimension, d'ordre relationnel : la nécessité d'écouter les conseils et les recommandations, pour ne pas céder la tentation (assimilable au célèbre fruit interdit dans le mythe d'Adam et Ève), qui serait ici représentée par le soleil. Il est également possible de prendre en compte la situation inversée : le souhait de prodiguer des conseils, ou le regret de ne pas être intervenu à temps pour empêcher le drame de se dérouler, témoignant ainsi de l'affection éprouvée envers ses proches. [...]
[...] Le voisinage du soleil dévorant amollit la cire odorante qui retenait les plumes » (vv19-20), et Icare fut englouti, dans la mer qui porte désormais son nom. L'histoire met ainsi en évidence la relation et les sentiments qu'un père peut avoir avec son fils : « les joues du vieillard se mouillèrent et ses mains paternelles tremblèrent » (v10). Baudelaire rappelle la légende dans les strophes 3 et 4 où il utilise la métaphore du soleil : « œil de feu », il met l'accent sur les douleurs d'Icare (titre). Par l'utilisation du déterminant « un » devant Icare, Baudelaire s'identifie à lui. [...]
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