De tout temps, les dramaturges ont tenté de mettre en scène les comportements humains, et notamment la séduction. En effet, l'art du théâtre semble se prêter à cette mise en scène. Dans quelle mesure cet art est-il favorable à la mise en scène de la séduction ?
[...] Le théâtre est un art rythmique et, comme tout art, il dispose de certains procédés. Ainsi, le théâtre utilise l'art de la parole et permet par conséquent au séducteur de persuader sa conquête et de la manipuler. Dom Juan de Molière est une oeuvre particulièrement représentative de l'art de la parole de par l'éloquence persuasive du personnage. Ceci se constate très nettement dans l'acte II scène 2, où Dom Juan choisit ses phrases afin d'avoir le maximum d'impact sur Charlotte, la paysanne qu'il veut conquérir : « Je n'ai jamais vu une si charmante personne », lui dit-il pour la manipuler, ce qui produira l'effet escompté (...)
[...] L'art du théâtre est pourvu de règles empêchant une totale liberté dans la mise en scène de la séduction. Ainsi, la règle de bienséance empêche le metteur en scène et le dramaturge de faire apparaître certaines choses dans leur oeuvre, notamment des scènes érotiques ou des propos obscènes. D'ailleurs, étymologiquement, obscène signifie « ce qui est hors de la scène », c'est-à-dire ce que l'on ne peut montrer par respect de la règle de bienséance. C'est pour respecter ces conventions que des pièces comme le Tartuffe de Molière ou encore Dom Juan furent pendant longtemps censurées, à cause de leur crudité en matière de séduction et leurs propos choquants (...)
[...] On pense notamment à la fontaine au bord de laquelle Perdican séduit Rosette à l'acte III scène 3. En effet, filmer cette fontaine éviterait un décor factice et permettrait de rendre tout son sens à ce symbole de l'amour où se reflètent des sentiments si faciles à troubler et où se perd et se noie la bague représentant l'amour de Perdican pour Camille et annonçant probablement l'issue tragique de la pièce. Nonobstant ces contraintes, le théâtre permet tout de même de séduire le public en plus de mettre en scène la séduction. [...]
[...] La séduction au théâtre passe donc aussi par la séduction d'un public qui se retrouve dans les oeuvres qu'il va voir et qui reflète le monde dans lequel il vit. Le théâtre se prête donc à la mise en scène de la séduction car c'est un art très approprié à ce genre de mise en scène, qui a pour vertu supplémentaire de séduire son public, même s'il présente toutefois certaines limites déontologiques et techniques. On peut cependant se demander dans quelle mesure ceci est encore valable, le cinéma détrônant actuellement un art du théâtre ayant du mal à se démocratiser et paraissant désuet aux jeunes générations plus férues d'effets spéciaux spectaculaires que de traditionnelles pièces à machines ou d'œuvres contemporaines plus difficiles d'accès. [...]
[...] La double énonciation peut également servir à créer des situations burlesques qui séduisent le public. C'est le cas dans Dom Juan où le personnage s'adresse en aparté aux deux paysannes à l'acte scène 4 pour dire à chacune qu'elle est celle qu'il épousera. Le public, contrairement à Charlotte et Mathurine, sait la supercherie, et se sent donc pleinement investi dans la pièce du fait d'en savoir plus que les personnages, et est par conséquent séduit. En outre, le sentiment de savoir que procure la double énonciation contribue lui aussi à séduire des spectateurs qui se sentent alors plus informés que les personnages eux-mêmes. [...]
[...] Ainsi, la règle de bienséance empêche le metteur en scène et le dramaturge de faire apparaître certaines choses dans leur œuvre, notamment des scènes érotiques ou des propos obscènes. D'ailleurs, étymologiquement, obscène signifie ce qui est hors de la scène c'est-à-dire ce que l'on ne peut montrer par respect de la règle de bienséance. C'est pour respecter ces conventions que des pièces comme le Tartuffe de Molière ou encore Dom Juan furent pendant longtemps censurées, à cause de leur crudité en matière de séduction et leurs propos choquants. De plus, au-delà du simple malaise vis-à-vis des scènes de séduction trop osées, se plaçait le problème de l'Eglise. [...]
[...] La belle personne Don Juan fait donc de la parole, qui est effectivement un art, son arme principale pour séduire ses victimes. Tout comme lui, Perdican dans On ne badine pas avec l'amour de Musset à l'acte III scène utilise son éloquence dans le but de séduire Rosette et Camille. Il affirme alors je t'aime et tu seras ma femme et ses mots persuadent la sœur de lait de Camille des sentiments que Perdican éprouve pour elle. Mais la parole n'est pas le seul procédé dont dispose le théâtre pour mettre en scène la séduction. [...]
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