Toutes les critiques sont d'accord pour reconnaître que Le Misanthrope est le modèle même de la haute comédie, à caractère philosophique. On est donc en droit de se demander si une telle pièce appartient encore au répertoire comique ou au théâtre tout court. Ce double refus a été porté jusqu'à la limite par le critique allemand Schlegel, au demeurant grand détracteur du théâtre classique français.
Le Misanthrope est-il une comédie sans action? Ce point de vue était déjà celui de Voltaire. « Il n'y a d'intrigue dans la pièce que ce qu'il en faut pour faire sortir les caractères, mais peut-être pas assez pour attacher ; en récompense, tous ces caractères ont une force, une vérité et une finesse que jamais auteur comique n'a connues comme lui. »
[...] Le Misanthrope est-il une comédie sans gaieté ? Les ressources de la farce. Le comique de mœurs. Le comique de caractère. Toutes les critiques sont d'accord pour reconnaître que Le Misanthrope est le modèle même de la haute comédie, à caractère philosophique. On est donc en droit de se demander si une telle pièce appartient encore au répertoire comique ou au théâtre tout court. Ce double refus a été porté jusqu'à la limite par le critique allemand Schlegel, au demeurant grand détracteur du théâtre classique français. [...]
[...] Dans sa critique, Schlegel n'examine jamais les choses que par un côté, il ne se préoccupe, dans toutes les pièces de théâtre que du squelette et de l'arrangement de la fable ; il s'attache exclusivement à démontrer des analogies secondaires avec de grands modèles, sans s'inquiéter le moins du monde de ce qu'un auteur peut nous offrir de grâce, de vie, de politesse et d'élévation dans les sentiments. À quoi servent tous les artifices du talent, lorsque la personnalité aimable ou grandiose de l'écrivain ne ressort pas d'une œuvre dramatique ? C'est là pourtant la seule chose qui contribue au perfectionnement d'une nation. Dans cette manière dont Schlegel traite le théâtre français je trouve la recette pour former un pitoyable critique, dénué de toute faculté pour apprécier ce qui est excellent et passant par-dessus les natures d'élite et les grands caractères, comme indignes de la moindre attention. [...]
[...] Emporté par les violences de son caractère, Alceste agit toujours à contretemps. Célimène de son côté perd la partie par les excès mêmes de sa virtuosité. Les deux protagonistes finissent par être condamnés à une solitude provisoire. Se corrigeront-ils ? Alceste deviendra-t-il un peu plus social ou sociable, Célimène un peu moins coquette et mondaine ? En nous posant cette question, ou plutôt en formulant ce souhait, nous ne sommes pas contrits ; car si chacun a dans la vie le sort qu'il mérite, en revanche, rien dans la vie n'est jamais achevé ou définitif. [...]
[...] Discutez ce jugement de Schlegel : Le Misanthrope n'a ni action, ni intérêt, ni gaîté Plan. I. Le Misanthrope est-il une comédie sans action ? Le Misanthrope a une intrigue. Le Misanthrope comporte des épisodes. Le Misanthrope comporte des coups de théâtre. II. Le Misanthrope est-il une comédie sans intérêt ? Le Misanthrope a un intérêt dramatique. Le Misanthrope a un intérêt psychologique. [...]
[...] Ayant lu le Misanthrope avec un esprit bougon, il a cherché à appuyer son refus de goûter le comique sur des raisons qui vont jusqu'à lui dénier la valeur de pièce théâtrale. Goethe rétablit la vérité : Schlegel, dans ses leçons sur la poésie dramatique, traite Molière du haut de sa grandeur ; il le qualifie de farceur vulgaire, d'homme qui n'a vu la bonne compagnie que de loin, et qui a pris à tâche d'imaginer toutes sortes de jongleries pour le divertissement de son maître. [...]
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