L'épistolaire connaît un très fort succès au XVIIIe siècle, avec de nombreuses correspondances, et de nombreux romans, comme Les Liaisons dangereuses de Laclos, ou encore les Lettres Persanes de Montesquieu.
Toutefois, la lettre incarnerait-elle un moyen privilégié de connaître la personnalité de quelqu'un, et ne serait-elle pas plus parlante qu'un portait dressé par un tiers ? En effet, la lettre serait bien un moyen privilégié de connaître la personnalité de quelqu'un, cependant le portait dressé par une tierce personne semblerait être plus parlant (...)
[...] Par ailleurs, la lettre peut permettre aussi de vaincre sa timidité, comme dans Les Liaisons dangereuses de Laclos. En effet, Cécile de Volanges correspond avec le chevalier Danceny, alors qu'ils osent à peine se regarder ou se parler, par peur aussi de se corrompre. La correspondance est, ici, secrète, et se doit d'être discrète. Tous deux entretiennent une passion interdite, et la lettre est la seule solution qu'ils aient pour échanger leurs preuves d'amour et de tendresse. La jeune fille relate toute sa correspondance avec son amant à Mme de Merteuil par lettre : Mon Dieu, que vous êtes bonne, Madame ! [...]
[...] Je me détourne doucement des méchants, et je vole au-devant des bons. De même, dans les Lettres Persanes de Montesquieu, le lecteur peut facilement discerner la personnalité des deux persans séjournant en Europe, par la façon dont ils décrivent ce continent, leur étonnement critique ou encore leur fausse naïveté. Enfin, dans la Correspondance de Madame de Sévigné, la lettre du mardi 3 mars 1671 à sa fille, Madame de Grignan, contient beaucoup de termes exprimant l'émotion et la passion : ma chère bonne je songe à vous continuellement Ces expressions reflètent la souffrance et l'amour de la narratrice (Madame de Sévigné) vis-à-vis de sa fille (Madame de Grignan) après leur séparation. [...]
[...] Par exemple, dans Les Liaisons dangereuses de Laclos, à la lettre Madame de Volanges écrit à la présidente de Tourvel pour la prévenir de la fourberie du Vicomte de Valmont qui, aux yeux de la présidente, est un véritable gentleman. Le portrait fait par Madame de Volanges est très noir, elle énumère les nombreux défauts de l'accusé en faisant l'impasse sur ses qualités : Je ne m'attendais pas, je l'avoue, à trouver jamais ce nom-là dans vos Lettres. En effet, que peut-il y avoir de commun entre vous et lui ? Vous ne connaissez pas cet homme ; où auriez-vous pris l'idée de l'âme d'un libertin ? [...]
[...] Vous me parlez de sa rare candeur : oh ! oui ; la candeur de Valmont doit être en effet très rare. Encore plus faux et dangereux qu'il n'est aimable et séduisant, jamais, depuis sa plus grande jeunesse, il n'a fait un pas ou dit une parole sans avoir un projet, et jamais il n'eut un projet qui ne fût malhonnête ou criminel. Qui plus est, un tiers peut éventuellement déformer la vérité s'il ne connaît pas ou peu la personne, ou s'il n'a perçu qu'un trait de sa personnalité. [...]
[...] Je pourrais vous en raconter qui vous feraient frémir ; Au final, les portraits ne sont jamais totalement faux : il y a toujours un soupçon de vérité mais ils sont souvent incomplets car ils ne reflètent que ce que l'auteur veut bien nous livrer. C'est pourquoi la lettre n'est pas toujours un moyen privilégié de connaître la personnalité de quelqu'un, puisqu'elle n'est pas innée, elle est pensée, réfléchie. De plus, les mensonges sont plus faciles, on peut s'inventer un personnage, comme Valmont dans Les Liaisons dangereuses qui se fait passer pour un véritable gentleman, toutefois, il ne faut pas oublier que les portraits ont toujours une part de vérité. [...]
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