Ainsi, « l'art et l'amour sont l'un et l'autre présentés, quoique de manière différentes, tantôt comme expressions les plus accomplies de l'humain, tantôt comme facteurs dangereux de désordre » que ce soit dans L'Oeuvre de Zola, dans Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, ou encore à travers La Mort à Venise de Thomas Mann.
L'amour est étroitement liée à la création chez l'artiste : en effet même s'ils comportent un grand nombre de différences, ils se réalisent à la fois dans leurs oppositions et leur fusion, devenant ainsi deux expressions achevées qui se réalisent dans leur complémentarité. Mais si le créateur extrait la création de sa passion, vouant ainsi une fascination sans borne à l'objet aimé, l'art et l'amour, une fois associés, provoquent souvent un chaos et un désordre incontrôlable. Le destin malheureux et fatal de l'artiste s'explique alors : la destruction ne serait-elle pas le résultat d'une fusion érotique entre la création et la passion ? et le créateur ne transgresse-t-il pas un interdit divin en essayant de « donner vie » à son oeuvre ?
[...] La conscience d'être dans le secret, d'être complice l'enivrait comme de faibles quantités de vin enivrent un cerveau fatigué. Page 235 Aschenbach sacrifie donc la vie de celui qui l'aime, en ne disant rien, pour justement conserver cet amour, ce désir intact dans un secret inconnu à tous mais auquel lui a accès. L'art et l'amour se révèlent donc être de dangereux facteurs de désordre puisque l'artiste en proie à des sentiments ravagés, accepte même de sacrifier l'humanité à l'art. [...]
[...] En effet, il est très visible chez Aschenbach, l'écrivain de La mort à Venise qui, avait consacré toute sa vie à l'ordre et à la maîtrise de ses sentiments et qui se retrouve d'un coup, écartelé entre deux lignes de conduite. Cela se manifeste dans le passage clef du roman : Illuminé par la splendeur du dieu, le veilleur solitaire se tenait assis, il fermait les yeux et tendait les paupières au baiser de cette gloire. Les sentiments d'autrefois, les premières et délicieuses souffrances de son cœur, qui s'étaient évanouis pendant le service rigoureux qu'avait été sa vie et qui revenaient maintenant si étrangement transformés, il les reconnaissait avec un sourire déconcerté et émerveillé. [...]
[...] Page 51 La Mort à Venise confirme bien cette réflexion sur la complémentarité de l'art et de l'amour et Aschenbach lui même prend conscience du lien encore plus profond qui le lie à ce jeune homme à la beauté divine : Mais la volonté sévère et pure qui, par son obscure activité, avait pu donner le jour à cet ouvrage divin, ne lui était-elle pas à lui, l'artiste, connue et familière ? N'agissait-elle pas aussi en lui lorsque, plein d'une lucide passion et à partir de la masse marmoréenne du langage, il libérait la forme élancée qu'il avait vu en esprit et qu'il présentait aux hommes, tels un modèle et un miroir de la beauté spirituelle ? [...]
[...] (Dorian, s'adressant à Basil). Page 204 Lorsqu'il apprend le secret tant caché, Basil se rend compte qu'il avait été trop loin, que son amour pour le jeune homme lui avait fait transgresser un interdit divin : _ Prie, Dorian, prie, murmura-t-il. Que nous apprenait-on à dire quand nous étions enfants ? Ne nous induisez pas en tentation. Pardonnez-nous nos offenses. Lavez nos iniquités. Disons-le ensemble. La prière de ton orgueil a été exaucée. [...]
[...] Dissertation de littérature comparée Sujet de dissertation L'art et l'amour sont l'un et l'autre présentés, quoique de manières différentes, tantôt comme expressions les plus accomplies de l'humain, tantôt comme facteurs dangereux de désordre. Le destin du créateur est souffrance mais il pourrait aussi bien être désastre Cette phrase du peintre Serge Poliakoff révèle la douleur qui est celle de l'artiste. La vie du créateur est consacrée toute entière à son art et à l'amour et à sa volonté de satisfaire son désir sur la toile ou sur la feuille . [...]
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