Dans quelle mesure cette analyse nous semble rendre compte du récit de Voltaire ?
[...] L'évolution morale du héros qui devient un homme civilisé et raisonnable en est une preuve. Malheureusement, toutes ses nouvelles qualités ainsi que l'apprentissage des conventions sociales et religieuses lui enlèvent la spontanéité nécessaire pour se rendre pas au chevet de la belle mourante qui se languit de lui. Ainsi, davantage qu'un simple procédé d'écriture qui mêlerait avec brio un ton pathétique et un ton comique et qui ferait passer le lecteur du rire aux larmes et des larmes au rire, il s'agit d'une vision du monde que nous propose Voltaire dans L'Ingénu. [...]
[...] Toutefois certaines scènes de L'Ingénu font résistance et ne semblent pas relevées toutes d'une intention parodique de la part de Voltaire. Ne pourrait-on pas parler de «pastiche» d'un genre littéraire, celui du roman sentimental ou celui du texte philosophico-religieux plutôt que de « parodie » ? Ainsi, il s'agirait de pasticher (au sens d'imiter) un style connu de tous ou un genre littéraire sans une intention satirique. S'agirait-il d'un simple exercice de style ? L'ambition de Voltaire étant d'incorporer le pastiche au sein du récit afin de jouer avec le lecteur familier de ces textes et de ces auteurs que l'on appelle aujourd'hui « auteurs classiques ». [...]
[...] Toutes ces interprétations et ces hypothèses ont le mérite de rendre compte de la dualité narrative du conte voltairien. Elles reposent néanmoins sur un schéma binaire, trop simpliste, qui délaisse l'entrelacement du sensible et de l'ironie, du pathétique et du comique, que nous avons étudié précédemment. Il convient de se demander à présent si l'ingénu ne procède pas plutôt d'un principe philosophique plutôt que d'un principe d'écriture. Pour nous éclairer sur ce point, il convient de compléter l'analyse de ce principe de dualité, autrement dit de la représentation du « rythme binaire de ce monde » pour reprendre l'expression de Jean Starobinski qui figure dans Le Remède dans le mal. [...]
[...] Élément de présentation d'analyse. Question ? Enjeux ? Qui m'amène poser la question Une notion (question) . Transition réveiller le lecteur, rhétorique Conclusion. Réunir la question et la réponse que j'apporte. Conclusion vive, pas très longue. Première partie – être d'accord. Exemple : oui – non – synthèse. [...]
[...] Après avoir examiné les objections possibles au point de vue formulé par Jean Starobinski, nous étudierons la structure et la composition du conte philosophique, qui montreront que l'Ingénu procède d'un principe de « rythme binaire », mais que n'épuise pas l'opposition entre le sensible et l'ironie. Jean Starobinski, dans son ouvrage, qualifie de « mouvement incessant », le procédé d'écriture qui traverse le récit voltairien. Selon lui, « le conte nous propose une image accélérée et caricaturale, oscillant de la nature à la culture, du vice à la vertu, du rire aux larmes, du pessimisme à l'optimisme ». [...]
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