A. La poésie peut d'abord permettre d'exalter ses passions. Poésie et lyrisme vont souvent de pair pour transcender les sentiments ressentis par le poète. Ainsi, dans « Le Pont Mirabeau », Apollinaire évoque un amour ancien et perdu, dont le souvenir est associé au fameux pont parisien. Le refrain « Vienne la nuit/Sonne l'heure/Les jours s'en vont/Je demeure » met en avant un sentiment de nostalgie mais célèbre aussi le pouvoir qu'a le poème de rendre ce souvenir amoureux éternel grâce à la voix toujours présente du poète. Dans le poème « J'ai tant rêvé de toi », issu du recueil Corps et biens, Robert Desnos évoque une jeune femme surnommée « la mystérieuse », une vedette de music-hall devenue pour lui une femme rêvée, mythique plus que réelle. Il épanche ses sentiments dans un lyrisme qui se ressent notamment dans l'anaphore « j'ai tant rêvé de toi » qui ponctue le poème, mais aussi grâce au champ lexical de l'ombre et de l'évanescence qui permet de sentir le paradoxe qui existe entre la puissance de l'amour et l'irréalité de l'objet aimé.
(B) Le poète n'écrit pas que pour lui. Exprimer sa sensibilité consiste aussi à faire résonner des émotions chez son lecteur, l'émouvoir et lui offrir une réflexion sur lui-même. Le poème qui ouvre les Fleurs du Mal et très justement intitulé « Au lecteur » en est un parfait exemple : la formule finale « Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,/-Hypocrite lecteur,- mon semblable, -mon frère ! » utilise une gradation saisissante pour souligner ce lien fondamental entre les sentiments du poète et ceux du lecteur. Le « monstre délicat » fait d'ailleurs ici référence à l'Ennui, mal dont souffre tout homme dans sa vie (...)
[...] Nous voyons donc bien que la poésie, objet riche et divers, permet d'explorer un monde intérieur et personnel mais aussi de rendre compte de la réalité humaine et d'une histoire commune. Mais la poésie, c'est avant tout un jeu sur la langue, une volonté de transcender tout thème abordé, que ce soit l'amour, la guerre ou les objets de la vie quotidienne. III) En effet, le dernier rôle que l'on peut évoquer et certainement le plus important lorsque l'on évoque la poésie, c'est bien d'être une œuvre d'art : la poésie est là pour changer notre regard sur le monde et les mots. [...]
[...] C'est peut-être là l'ultime fonction de la poésie : redonner toute sa saveur au langage, le laisser vivre par lui-même en privilégiant des jeux langagiers, des techniques d'écriture innovantes. Le mouvement Oulipo mettait au centre de sa conception cette nécessité de jouer avec le langage en recourant à des techniques telles que S+7 qui a donné lieu au très connu et pourtant sémantiquement incompréhensible La cimaise et la fraction (basé sur La Cigale et La Fourmi). Les jeux typographiques sont aussi couramment réalisés dans les poèmes pour donner une dimension nouvelle aux mots, les inscrire dans un espace et en révéler un aspect jusqu'alors inconnu. [...]
[...] Le monstre délicat fait d'ailleurs ici référence à l'Ennui, mal dont souffre tout homme dans sa vie. Lorsque l'on pense à la poésie, c'est d'abord aux sentiments qu'elle permet d'exprimer que nous pensons et la poésie lyrique a charmé à toutes les époques. Il ne faut pourtant pas oublier que les poètes ont toujours eu à cœur d'ancrer leur écriture dans la réalité. II) La poésie comme engagée dans une réalité A. La poésie peut d'abord constituer un acte de témoignage, un moyen de rendre compte d'une réalité à un moment précis. [...]
[...] Le lecteur ressent rapidement une ivresse et un sentiment de plénitude procuré par le rythme et les sonorités qui créent une harmonie imitative parfaite. Dans un tout autre registre, Ponge s'est aussi intéressé à interroger le monde et nous en révéler un aspect inconnu. En recourant à des descriptions tout aussi rigoureuses que poétique, il transforme tout objet un morceau de pain, une éponge, une orange en ce qu'il appelle un objeu c'est à dire une chose devenue insolite et que l'on redécouvre avec légèreté et plaisir au travers des mots. [...]
[...] Ainsi, nombreux d'entre eux étaient des hommes engagés dans le mouvement communiste qui participa de façon très active à la Résistance sous le régime de Vichy. On pense au poème emblématique qu'est La Rose et le Réséda et qui, dans un registre épique, retrace l'histoire de la France résistante. B. Au-delà de cette fonction de témoignage, la poésie est aussi le moyen de dénoncer avec force une situation intolérable existant dans la réalité du poète ou du lecteur. Au XIXe siècle, Victor Hugo écrit le recueil Les Châtiments dans lequel il s'attaque violemment à Napoléon III, alors empereur de France. [...]
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