Sujet: Est-il juste d'affirmer que dans les extraits de la pièce Les Belles-Soeurs et du poème Le damned Canuck, la détresse est présentée de la même façon ? Extrait ci-joint: Les Belles-Soeurs (1965) de Michel Tremblay, acte 1, p.10 -14; et Le damned Canuck, poème tirée du recueil L'Homme rapaillé (1970) de Gaston Miron
[...] Les deux textes ont en commun d'évoquer la détresse par le biais d'une peinture du quotidien A. Un quotidien placé sous le signe de la matérialité Dans la pièce Les Belles-Soeurs, le tableau de la détresse quotidienne s'élabore au moyen d'une peinture précise du quotidien des femmes de la classe moyenne. Le choeur des cinq femmes évoque à cet égard tous les travaux ménagers qui leur incombent de manière cyclique, et c'est précisément la répétition de ces tâches qui donne leur force évocatoire aux répliques du choeur. [...]
[...] Mais le végétal est ici remplacé par le substantif « misère » qui convoque l'idée de détresse aussi bien matérielle que morale. De ce fait, c'est par une figure de style plus ramassée que le poème figure l'idée de l'ennui et de la répétition, sans déployer d'accumulation ou de gradations. III. En réalité, deux genres littéraires différents font entendre, chacun avec leurs moyens, une parole désespérée A. La complainte de la condition féminine Cette différence de moyens s'explique par les genres respectifs des deux textes. [...]
[...] Mais indépendamment de ces procédés, les deux textes donnent en réalité à entendre la parole désespérée de l'humain qui souffre. Dans la pièce de théâtre, il est intéressant de noter que les répliques de Lisette de Courval, qui semblent donner à entendre une version plus agréable de la vie, avec notamment le champ lexical de la nature (« soleil, petites fleurs, petits oiseaux, ciel, etc. »), sont systématiquement interrompues par le choeur des cinq femmes qui opposent à cette conception idéaliste une réalité plus dure et plus sombre. [...]
[...] Conclusion Ainsi, les deux textes constituent tous deux une représentation de la détresse humaine, mais diffèrent en partie du fait des procédés employés. Toutefois, malgré ces différences de choix esthétiques, les deux tableaux ont un fort pouvoir évocatoire car aussi bien la poésie que le théâtre permettent de faire surgir une parole dans sa dimension sonore grâce aux procédés littéraires mobilisés. En cela, aussi bien le thème que les moyens de son illustration s'inscrivent dans une tradition artistique caractéristique des années cinquante à soixante-dix, marquée par une dénonciation du caractère inhumain et absurde de la modernité matérielle. [...]
[...] La parole est ici marqué par la redondance, la répétition et la reformulation, qui figurent ainsi l'idée que l'être humain est assailli par le travail. B. La métaphore domine dans le poème de Miron A la différence de la pièce de théâtre, le poème de Miron, du fait de son caractère plus concis, ne recourt pas à l'accumulation mais à la métaphore. C'est donc par le biais de l'image et de la comparaison que le poème figure le caractère harassant du quotidien. [...]
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