Sensualité et mal ont souvent été liés, notamment par la morale judéo-chrétienne qui tend à désapprouver le plaisir sensuel comme but en soi. Les arts offrent d'autres visions de ce lien, notamment au cinéma au travers de la caméra du cinéaste américain Stanley Kubrick dans le dernier film tourné avant sa mort Eyes wide shut (1999), adaptation de La Nouvelle rêvée (Traumnovelle, 1925) de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler. Il y dépeint la traversé du miroir d'un riche médecin, Bill Harford. Lassé de son quotidien, il découvre l'existence d'une secte et l'ampleur de la corruption d'âme régnant dans sa ville. Or chacune des corruptions dépeintes par le cinéaste a trait à la sexualité : du loueur de costumes vendant le corps de sa propre fille à l'orgie à laquelle assiste le personnage incognito. Sur un fond de morale judéo-chrétienne, le personnage semble à la fois fasciné et révolté par cette dépravation ambiante.
C'est en soulignant ce lien entre dépravation et fascination que Charles Baudelaire écrit : « Moi je dis : la volupté unique et suprême de l'amour gît dans la certitude de faire le mal. Et l'homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve toute volupté » (Journal intime, Fragments 3). On note d'abord que le poète utilise les adjectifs superlatifs « unique » et « suprême » pour parler des plaisir liés à l'amour, ce qui signifierait que l'amour est totalement et uniquement lié au mal. « Pas de plaisir à aimer sans faire le mal » semble écrire Baudelaire. De plus, ce plaisir à aimer viendrait de « la certitude de faire le mal ». Ainsi, bien que l'amour paraisse être un sentiment noble, on serait certain de faire le mal d'une façon ou d'une autre dès le moment où l'on aimerait. Tout en sachant cela, comment peut-on encore admettre que l'amour est un sentiment pur, noble ? En effet, « l'homme sait de naissance que tout plaisir se trouve dans le mal » (...)
[...] Pas de plaisir à aimer sans faire le mal semble écrire Baudelaire. De plus, ce plaisir à aimer viendrait de la certitude de faire le mal Ainsi, bien que l'amour paraisse être un sentiment noble, on serait certain de faire le mal d'une façon ou d'une autre dès le moment où l'on aimerait. Tout en sachant cela, comment peut-on encore admettre que l'amour est un sentiment pur, noble ? En effet, l'homme sait de naissance que tout plaisir se trouve dans le mal De cette deuxième phrase, on pourrait déduire qu'il n'existe qu'un mal suprême, unique, comme l'indique l'article défini le et que tout sentiment de plaisir, de volupté, y est lié. [...]
[...] Autant de références au théâtre, à la représentation qui poussent à penser à une réelle fascination de l'homme pour le mal et surtout pour sa mise en scène. [...]
[...] Pourquoi ressent-on un tel plaisir dans la pratique du mal ? * A travers la littérature, l'amour a souvent été dépeint comme un sentiment noble, qui pousse à l'exaltation et au dépassement de soi. Les chevaliers des légendes arthuriennes, Lancelot, Yvain ou Erec, en sont de parfaits exemples : tous sont bons, vouent un amour sans limites à leur promise, et tous vouent un amour indéfectible à Dieu. Néanmoins, on pourrait remarquer plus récemment des signes d'un amour plus intéressé, moins noble, plus matériel. [...]
[...] Cependant, en supposant le contraire, l'amour s'imposerait-il toujours à notre cœur ? * * Notre société tend en effet à nous montrer qu'une majorité d'entre nous cherche à rencontrer l'âme sœur, à vivre le grand amour, comme en témoigne le succès des agences matrimoniales et des sites de rencontre aujourd'hui. Cependant, si le plaisir d'aimer se traduit par la certitude de faire le mal, cela voudrait-il dire que nous avons tous tendance à perpétrer le mal et à en être conscients ? [...]
[...] Peut-on dire qu'elle aime réellement son époux en le poussant ainsi au régicide ? Fait-elle preuve d'une soif de pouvoir inextinguible ? Si l'on suppose qu'elle fait prévaloir le bien de Macbeth et d'elle-même sur le bien commun, ne peut-on entrevoir là la certitude de faire le mal dont parle Baudelaire ? Néanmoins, ce plaisir présumé est de courte durée. Les remords la submergent ensuite, elle est prise de folie, d'hystérie : elle se lève au milieu de la nuit en hurlant pour laver ses mains du sang de Duncan dont elle a souillé les visages des gardes. [...]
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