Les définitions de la poésie ne manquent pas, de ceux qui s'attachent en particulier au langage à ceux qui mettent en avant son aptitude à explorer l'inconscient. On serait tenté de dire ainsi qu'il y a autant de définitions de la poésie qu'il y a de poètes. Ici Claude Roy, à la fois poète et critique nous propose cependant la sienne : « Ce n'est pas ce qui est regardé qui définit la poésie, c'est le regard. Ce ne sont pas les choses qui arrivent qui font un poème, c'est la façon (du poète) d'arriver dans les choses » (...)
[...] A propos de Paul Eluard, il étudie dans L'Eau et les rêves ce qu'il appelle le complexe d'Ophélie où l'eau devient élément mélancolisant : A quelle profondeur philosophique peut atteindre un poète qui accepte la leçon totale de la rêverie, on en jugera si l'on revit cette admirable image de Paul Eluard : J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée, Comme un mort je n'avais qu'un unique élément. L'eau fermée prend la mort en son sein. L'eau rend la mort élémentaire. L'eau meurt avec la mort dans sa substance. L'eau est alors un néant substantiel. On ne peut aller plus loin dans le désespoir. [...]
[...] Comme dans le cas du Lac de Lamartine où il est bien moins question du l'objet du monde dans son objectivité que de l'inquiétude humaine devant le destin, de l'élan vers le bonheur et de l'amour éphémère aspirant à l'éternité. Un même objet peut être entrevu d'ailleurs de manière bien différente selon l'époque ou l'artiste. Jean-Michel Maulpoix a montré comment Jacques Réda dans Les Ruines de Paris projetait avant tout son malaise intérieur plutôt qu'il ne décrivait le paysage dans son objectivité. La réalité peut être l'occasion également d'une plongée dans l'inconscient de l'artiste. [...]
[...] Il s'agit pour Claude Roy de montrer combien ce n'est pas la chose observée qui compte mais bien plutôt le regard que va porter le poète sur ce réel. En effet le spectacle le plus grandiose observé par un individu étranger à la poésie, sans talent, ne saurait lui faire créer un poème qui puisse être un grand morceau d'art, aussi sublime que puisse être la chose contemplée. La poésie, moderne en particulier a montré que le quotidien le plus trivial peut s'inscrire dans la poésie. [...]
[...] Ces deux conceptions ne s'opposant peut-être pas de manière radicale. Ceux qui ont voulu prendre le parti pris des choses semblent bien y introduire leur subjectivité et même verser dans l'autoréférentiel, la croyance en une essence divine des choses ne semble reposer que sur les fondements subjectifs de l'artiste mais qui, par là, produit des chefs-d'œuvre. Enfin, la notion d'un divorce entre les mots et les choses, appuyée par la moderne notion linguistique de l'arbitraire du signe n'empêche pas certains poètes de tenter un rapprochement entre le signe linguistique et le référent qu'il désigne. [...]
[...] Ici Claude Roy, à la fois poète et critique nous propose cependant la sienne : Ce n'est pas ce qui est regardé qui définit la poésie, c'est le regard. Ce ne sont pas les choses qui arrivent qui font un poème, c'est la façon (du poète) d'arriver dans les choses Ce ne serait donc pas la chose dans son essence qui serait à l'origine de la poésie mais le regard que porte le poète sur celle-ci, on pourrait dire sa subjectivité. Comment doit-on comprendre l'expression les choses qui arrivent ? Il peut s'agir des évènements qui constituent la vie. [...]
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