« Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher. » Voilà ce qu'écrit Jean-Paul Sartre dans sa présentation des Temps modernes. Le propos n'est pas seulement de considérer la question de l'engagement politique dans une oeuvre, mais également, l'engagement biographique. L'auteur doit-il se dévoiler ?
C'est cette interrogation que soulève la proposition de Paul Valéry, « La connaissance de la biographie est une connaissance inutile si ce n'est nuisible à la lecture que l'on doit faire des oeuvres et de leurs auteurs ». La place de la biographie de l'auteur pour la réception d'une oeuvre fait débat. « Inutile », « nuisible », selon Paul Valéry. La réception devrait alors, sans doute, se détourner des connaissances biographiques et explorer l'oeuvre dans ce qu'elle apporte en elle-même. Cette proposition considère l'oeuvre pour ce qu'elle est en soi et réfute tous les éléments qui l'entourent (contexte historique, description de la vie de l'auteur, objectif de l'auteur au moment de l'écriture). C'est donc une démarche intéressante pour ce qu'elle peut dire de l'oeuvre. Le texte littéraire est riche, en lui-même ; rien ne sert de savoir qui l'a écrit, à quel moment. Il faudra essayer d'illustrer au mieux cette proposition, tout en y incorporant les quelques éléments d'objection qu'on peut lui opposer.
L'oeuvre et l'auteur sont-ils une relation vraiment efficace pour penser la littérature ?
Il s'agit de montrer toute la justesse de cette idée en prenant à partie le propos de Freud, le livre est le « produit d'un autre moi ». (...)
[...] On voit alors bien ici le détachement qu'il faut donner à la biographie des auteurs. B. Le texte échappe à son propre auteur Selon Freud, le roman est tel un rêve diurne il est donc impossible pour l'auteur de contrôler totalement son égocentrisme. Georges Dumas : le traitement de la figure héroïque de Georges dans ce roman qui réussit des exploits malgré toutes les difficultés, montre que l'auteur ne contrôle pas totalement son subconscient, le même subconscient présent dans le rêve, puisqu'il crée le reflet de son propre moi héroïsé dans son œuvre. [...]
[...] La réception devrait alors, sans doute, se détourner des connaissances biographiques et explorer l'œuvre dans ce qu'elle apporte en elle-même. Cette proposition considère l'œuvre pour ce qu'elle est en soi et réfute tous les éléments qui l'entourent (contexte historique, description de la vie de l'auteur, objectif de l'auteur au moment de l'écriture). C'est donc une démarche intéressante pour ce qu'elle peut dire de l'œuvre. Le texte littéraire est riche, en lui-même ; rien ne sert de savoir qui l'a écrit, à quel moment. [...]
[...] L'auteur trouve son inspiration dans les problématiques de sa propre société. La encore le texte se lit pour lui- même, en tant qu'œuvre à part entière, mais la connaissance du contexte l'enrichit également, lui donne plus de poids. C. L'auteur : personnage de fiction, personnage réel Le joueur Dostoïevski : Une telle ressemblance entre la vie de Dostoïevski et l'histoire racontée dans ce court roman n'est pas une coïncidence. Loin de faire perdre du sens à l'œuvre, ce rapprochement en donne. [...]
[...] Universalisation L'œuvre ne sert pas seulement à exposer au grand jour sa vie, mais la biographie ne peut-être que le tremplin de l'écriture vers une universalisation du propos. Les Contemplations Hugo : Personne ne niera la colère et le désespoir d'Hugo face à la mort de Léopoldine, personne ne niera non plus la présence de cet évènement tragique dans une partie de ce recueil poétique. Cependant, la force de cette œuvre est de proposer une structure dans laquelle la mort de Léopoldine apparaît telle un blanc dans la troisième première partie du livre. [...]
[...] La sublimation de l'œuvre par la connaissance de la biographie Il ne faut cependant pas laisser de côté d'autres exemples, qui prouvent que la connaissance de la biographie d'un auteur n'est pas nuisible à la lecture de l'œuvre et qu'au contraire, elle peut l'enrichir. A. Le lien qui unit le lecteur et l'auteur Jacques le fataliste Diderot : la prise de partie de l'auteur est, ici, de rompre le silence qu'il pouvait y avoir entre le lecteur et l'auteur. Diderot, bien sûr sous l'autorité d'un narrateur, s'adresse au lecteur. [...]
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