« L'art est un mensonge qui dit la vérité »… Certes le jour où Jean Cocteau matérialisait sa pensée il n'était pas novateur et n'aspirait pas à l'être. D'aucun a jamais prétendu à une parfait similitude entre art et vérité, mais connaissant Cocteau et son œuvre (avec notamment la réécriture magnifique du mythe d'Antigone) il nous est possible de rajouter à son propos, où devrait on dire, de déformer son propos, en disant « Le théâtre est un mensonge qui dit la vérité ». En ce point nous devons d'ores et déjà souligner quelques traits importants qu'il nous faudra considérer dans ce sujet ; le théâtre est un mensonge qui dit la vérité souligne bien le fait qu'avant tout le théâtre est une facétie, et que c'est considéré comme tel qu'il est capable de nous conduire à une vérité. En aucun cas nous ne devons, ou devrions croire que le théâtre possède une vérité intrinsèque, dénuée de tout mensonge. Tout de même quant à la notion de vérité, il serait utopiste de dire, comme Cocteau, que le théâtre conduit à la vérité, mais bien plutôt à une vérité. Ainsi nous devons nous demander en quoi le propos de Cocteau est effectif, et efficient sur le théâtre, en quoi le théâtre se présente comme un mensonge, mais un mensonge capable de nous amener à une compréhension plus parfaite de notre monde, de notre réalité. A travers ce paradoxe évident qui consiste à lier mensonge et vérité, Cocteau met-il le doigt sur une caractéristique fondamentale de l'art, plus précisément de cet art en mouvement qu'est le théâtre ? En réalité son propos n'est il pas un peu limité par les remises en cause que les nouvelles conventions théâtrales des XX et XXIèmes siècles ont apportées ?
[...] Dans la vie, on peut éprouver un sentiment et émouvoir ses proches par sa voix et ses réactions. Mais les mêmes gestes naturels sur une scène de théâtre paraîtront faibles et faux. Vous ferez rire par vos pleurs. La vérité dans la vie est le naturel qui n'existe pas au théâtre où la vérité est la convention, l'art du jeu, travaillé mais qui pourtant vous fera crier au naturel et à la vérité. C'est bien du mot grec "Ίποχριτης signifiant acteur, que nous avons tiré notre mot hypocrite. [...]
[...] L'incompréhension qui y est toujours présente ? Peut-être, mais c'est là le point de vue de Cocteau, en aucun cas universalisable, bien que de nombreuses autres hautes personnalités de l'écriture théâtrale lui donne raison, tel que Ionesco et La Cantatrice chauve On trouve bien évidemment dans le propos de Cocteau une certaine cohérence, une certaine vérité si l'on peut dire ; il est évident que le théâtre est l'art du faux, du mensonge accepté et conventionné, et, dans une large mesure, il est vrai que ce mensonge soit à même de nous conduire à une certaine sorte de vérité, à des vérités parfois cachées, latentes, comme à des vérités que nous nous voilons (tels que les mœurs de nos sociétés) et que ce n'est que dans le travestissement que les dramaturges trouvent leur meilleure arme. [...]
[...] La bonne foi est-elle en fait la mauvaise foi? Tout est permis, et si le théâtre est admis comme mensonge, il devient une arme redoutable, car on peut tout dire même la vérité. Tout le monde connaît le mythe d'Œdipe, antique, alors pensons une seconde à ses nombreuses réécritures, et notamment à L'impossible innocence du monde splendide revisite d'un des mythes les plus véridiques de l'histoire, puisque repris en psychologie Dans cette mise en scène du texte de Lenz de Büch (et autres fragments de Hugo ) tout est travesti, y compris les noms des personnages, le lieu de la scène (puisque tout se passe en Algérie), mais tout est d'une criante vérité. [...]
[...] Cependant, et bien heureusement, le théâtre est largement plus vaste que le simple théâtre classique, et certains metteurs en scène ont décidé de remettre en cause cette esthétique jugée trop fausse. Avec le théâtre contemporain, tel que dans celui de Jarry, on a voulu s'affranchir de ces décors monstrueusement réalistes qui empoisonnent l'imaginaire du spectateur et qui ne le laissent pas acteur de la pièce. Avec Ubu Roi, Jarry révolutionne le théâtre et brise de multiples conventions en supprimant tout décor et ne figurant la scène que par des brefs écriteaux, des indications scéniques qui laissent au spectateur toute liberté d'imaginer les décors tels qu'ils le veulent. [...]
[...] L'art est un mensonge qui dit la vérité L'art est un mensonge qui dit la vérité Certes le jour où Jean Cocteau matérialisait sa pensée il n'était pas novateur et n'aspirait pas à l'être. D'aucun a jamais prétendu à une parfait similitude entre art et vérité, mais connaissant Cocteau et son œuvre (avec notamment la réécriture magnifique du mythe d'Antigone) il nous est possible de rajouter à son propos, où devrait on dire, de déformer son propos, en disant Le théâtre est un mensonge qui dit la vérité En ce point nous devons d'ores et déjà souligner quelques traits importants qu'il nous faudra considérer dans ce sujet ; le théâtre est un mensonge qui dit la vérité souligne bien le fait qu'avant tout le théâtre est une facétie, et que c'est considéré comme tel qu'il est capable de nous conduire à une vérité. [...]
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