Le XIXème siècle peut être défini comme celui des tourments et des passions. Comme le souligna Musset, le héros romantique à conscience : « d'être né trop tard dans un monde trop vieux », il n'est pas le maître de son destin. Etre romantique signifie aussi refuser l'ordre du monde, incarner la différence jusqu'à la mort. Seule la quête de l'amour est capable d'apaiser ses tourments, mais il s'agit de la quête d'un amour ardent, exalté. L'époque romantique est marquée par la figure de la femme comme éternelle inconnue, comme objet inaccessible du désir. Depuis le XIXe siècle se dégage donc une esthétique de la sensibilité propre aux romantiques qui semble trancher avec l'image traditionnelle de la virilité. C'est le cas pour Thérèse Raquin de Zola et Carmen de Mérimée, tous deux publiés respectivement en 1867 et 1845, qui présentent la femme au premier plan, comme symbole incontournable de séduction. Le mâle serait donc paradoxalement, et ce depuis le Romantisme, une espèce en voie de disparition. Dès lors, s'interroger sur cette disparition progressive de l'homme en tant que mâle, conduit à se demander quelle redéfinition des rôles sexuels se met en place dans les oeuvres de Zola, Carné, Mérimée et Carlos Saura.
(...) En premier lieu, il convient de voir que le mâle, que ce soit dans les livres ou les interprétations cinématographiques, tend à disparaître mais que l'homme, lui, subsiste. Il est tout d'abord possible de distinguer le mâle en tant que caractère viril détenu par l'homme. Cette dégénérescence est symptomatique dans Thérèse Raquin de Zola avec notamment le personnage de Camille Raquin qui porte un prénom qu'on peut attribuer aux deux sexes, ce qui dévirilise d'emblée le personnage. S'il est malade et plaintif dans le roman, le film de Carné dépeint un personnage médiocre, chétif, assisté. Il ne tente même pas de se défendre lorsque Laurent le pousse du wagon. Son tempérament est lymphatique, il est « pâle », « blafard », « verdâtre ». Dans les deux cas, le personnage de Camille est materné par sa mère, au point qu'elle vit avec le couple (...)
[...] Il s'agit ici d'une passion des sens : Laurent avait deviné juste : il était devenu l'amant de la femme, l'ami du mari, l'enfant gâté de la mère. Jamais il n'avait vécu dans un pareil assouvissement de ses appétits. (Ch. VIII). L'homme qui possédait jusqu'ici encore sa virilité, tombe dans la jalousie, comme un petit enfant à qui on voudrait enlever ses jouets. Cette jalousie ronge d'ailleurs Don José dès lors que celui-ci assiste avec Carmen aux festivités chez le colonel, et s'exacerbe avec le lieutenant rue de Candilejo , ou dans le film quand il découvre Carmen avec un autre homme entre les costumes. [...]
[...] L'époque romantique est marquée par la figure de la femme comme éternelle inconnue, comme objet inaccessible du désir. Depuis le XIXe siècle se dégage donc une esthétique de la sensibilité propre aux romantiques qui semble trancher avec l'image traditionnelle de la virilité. C'est le cas pour Thérèse Raquin de Zola et Carmen de Mérimée, tous deux publiés respectivement en 1867 et 1845, qui présentent la femme au premier plan, comme symbole incontournable de séduction. Le mâle serait donc paradoxalement, et ce depuis le Romantisme, une espèce en voie de disparition. [...]
[...] Les personnages masculins ayant été ‘'émasculés'' utiliseraient donc le meurtre comme moyen ultime de se réapproprier leurs caractères masculins. En revanche, il faut envisager le fait que, bien qu'elle ait un caractère dévorateur, la femme n'existe que grâce à la présence de l'homme. Pour la première fois une gitane a le premier rôle, alors que dans la tradition du roman picaresque ou des voyages romancés, la gitane est un personnage secondaire, incapable de supporter un destin romanesque. Il en va de même dans Thérèse Raquin, ou Thérèse n'est l'héroïne que parce qu'éponyme. [...]
[...] De même, chez Zola, Laurent est certes obnubilé par Thérèse, mais c'est sa présence qui la fait sauve, ou en tout cas qui lui permet de s'épanouir en tant que femme. Tout comme il faut un membre de chacun des sexes pour procréer, l'homme est nécessaire à l'existence même de la femme. Les conflits entre hommes et femmes sont d'autant plus fréquents que chaque sexe à besoin de l'autre, ou du moins d'une part de féminité et d'une part virile, pour subsister. Toutefois cela donne lieu à une exacerbation de la violence, qu'elle soit verbale, physique, amoureuse ou sous jacente. La violence contamine les relations amoureuses. [...]
[...] De même, Mérimée nous offre un antihéros en la personne de Don José. Dans le livre il est sentimental et en permanence nostalgique de sa terre d'origine, la Navarre. Il est d'ailleurs pris pour José-Maria, le bandit de grand chemin : à force de considérer mon compagnon, j'étais parvenu à lui appliquer le signalement de José- Maria, que j'avais lu affiché aux portes de mainte ville d'Andalousie. Mais il n'est que José. Il est donc lui aussi pris pour un homme qui a un prénom de femme. [...]
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