Didaskalia, en grec, veut dire enseignement. Il s'agit des instructions de l'auteur à ses interprètes pour informer sur le ton à prendre, le geste à faire, la place à adopter au cours de la représentation. Ces instructions peuvent aussi être destinées au metteur en scène, au décorateur, au costumier, à l'éclairagiste, etc. (...)
[...] Toutefois, l'un de ses traits de caractère est déjà révélé (il se confirmera au fur et à mesure de la pièce) : il reste méticuleux, ordonné. Sa précipitation ne l'empêche pas de poser son journal sur sa chaise : il ne le jette pas par terre. De la même manière qu'il faisait semblant de tourner la manivelle, il fait mine de l'arrêter La seule action active qu'il pratiquait n'était qu'un leurre d'action. Sa disparition ensuite côté cour laisse donc le spectateur devant une chaise supportant un journal pendant quelques secondes. On peut imaginer des bruitages : la porte doit s'ouvrir, se refermer. [...]
[...] Comme dans un opéra, l'ouverture est musicale et c'est d'une marche vers la mort qu'il s'agit. L'humour qui éclate dans les trois pièces de la trilogie est ce qui va surprendre le plus. Par ailleurs, on a vu que ces didascalies insistent sur le dénuement nécessaire de la scène. Les accessoires un peu complexes (meuble, orgue de Barbarie) sont en fait invisibles. Nous avons donc ici une belle explication du succès que les pièces de Jean Tardieu ont rencontré auprès des comédiens amateurs. [...]
[...] Quand Tardieu parle de musique essoufflée c'est à peine une métaphore car il s'agit tout simplement d'une musique produite par un instrument dont le soufflet doit être quelque peu crevé. Cette musique connote donc : les temps passés, l'usure, la pauvreté (l'orgue de Barbarie est souvent utilisé par des mendiants, des chanteurs de rue). La musique interprétée est par ailleurs une polka, c'est-à-dire une ancienne danse à deux temps (Zola en parle : une polka emportait des couples La connotation du passé est ainsi confirmée. [...]
[...] II- Après l'ouverture du rideau Un comble de dénuement, de vide Enfin le rideau s'ouvre. A noter qu'il s'ouvre et ne se lève pas. La suite de la didascalie nous fait comprendre pourquoi il est nécessaire d'avoir un rideau qui se déplace du centre vers les côtés plutôt que du bas vers le haut. Il faut que l'ouverture du rideau offre une vue sur une petite moitié de l'espace de la scène. En fait, avec le système d'ouverture préconisé, la scène se trouve divisée en trois tiers : Un premier tiers, au centre où se trouve assis sur une chaise l'Inventeur. [...]
[...] Par contre, il est clair que les premières paroles de l'Inventeur doivent être dites en coulisse. Le donnez-vous la peine d'entrer, c'est ici crée un effet de surprise sur le spectateur puisque, malgré cette annonce, personne ne vient dans le tiers central de la scène, du moins si on retient la première proposition de Tardieu. Le dramaturge propose une deuxième version avec présence de l'Acheteur mais son absence paraît plus cohérente : elle est dans la ligne de ce souci d'économie de décor, d'accessoires et de paroles (l'Acheteur ne devrait, s'il était présent, ne s'exprimer que par mimiques) que Jean Tardieu met bien en avant. [...]
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