Dialogues fictifs d'écrivains, Michel Tournier, Daniel Defoe, Robinson Crusoé, Vendredi ou les limbes du Pacifique, Vendredi ou la vie sauvage, imagination, réécriture d'un mythe
Recueil de dialogues fictifs :
Michel Tournier écrivait à son bureau quand il entendit sonner à la porte. Surpris -il n'attendait pourtant personne cet après-midi là- il hésita à se lever. Néanmoins, comme le visiteur sonna de nouveau, l'écrivain finit par aller ouvrir.
- "Bonjour... Michel Tournier ?"
L'homme aux cheveux gris qui se trouvait devant sa porte le détaillait d'un œil interrogateur, comme s'il craignait de s'être trompé d'adresse.
[...] Mais aujourd'hui, les choses ont changé. Les gens ont changé » - « Pourtant, vous avez repris le mythe de Robinson . remarqua son auteur, pourquoi ne pas avoir choisir un autre hypotexte si les choses ont tellement changé ? » - « Car ce mythe de l'homme isolé à la suite d'un accident est une opportunité pour décrire des situations encore valables aujourd'hui. C'est une véritable quête de soi que poursuit Robinson, et cette quête de soi, contrairement au message religieux ou patriotique que vous y avez ajouté, se perpétue depuis toujours et se perpétuera encore pendant longtemps. [...]
[...] Voyez-vous, je pense que tout le monde est concerné par le message de ce livre. Or, les enfants n'ayant pas les mêmes capacités déductives que les adultes, c'est donc à moi de leur donner la possibilité de comprendre ce message. J'ai choisi de changer les relations entre les personnages mais de conserver le genre et la forme du premier livre, mais j'aurai aussi très bien pu varier . Par exemple, j'aurais pu changer la temporalité et faire se dérouler l'histoire dans le futur . J'aurai pu changer le lieu . [...]
[...] Dialogues fictifs d'écrivains : Michel Tournier et Daniel Defoe I. Michel Tournier écrivait à son bureau quand il entendit sonner à la porte Surpris – il n'attendait pourtant personne cet après-midi là – il hésita à se lever. Néanmoins, comme le visiteur sonna de nouveau, l'écrivain finit par aller ouvrir. - « Bonjour . Michel Tournier ? » L'homme aux cheveux gris qui se trouvait devant sa porte le détaillait d'un œil interrogateur, comme s'il craignait de s'être trompé d'adresse. - « C'est exact. [...]
[...] Michel Tournier secoua énergiquement la tête - « Vous ne comprenez pas . Ce n'est pas la même histoire, c'en est une variation. C'est là tout le principe des réécritures. Voilà d'ailleurs pourquoi elle ne porte pas le même nom : vous constaterez que le titre de mes romans fournit à Vendredi une place d'honneur, et que Robinson est relégué au second plan. Le narrateur n'est plus le naufragé, mais est un narrateur externe qui relate les péripéties de celui-ci. Les livres que j'ai écrits sont, en quelques sortes, les aventures du sauvage et non pas celles du naufragé ». [...]
[...] » - « Appelez-moi Daniel, je vous en prie ». - « Oui, continua-t-il, c'est de ces deux romans que je parle. Je les ai lus, et j'ai été très surpris de constater qu'ils ressemblaient fortement à mon propre livre » - « Effectivement, je m'en suis beaucoup inspiré », expliqua Michel en ajoutant un morceau de sucre dans son café. - « Vous auriez tout de même pu faire preuve d'un peu plus d'imagination Je ne sais pas vous auriez pu, au moins, changer les noms des personnages », suggéra Daniel. [...]
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