Dans le Théétète, Platon fait ainsi dire à Socrate que son art du dialogue « rend capable de discerner à coup sûr si l'esprit du jeune homme enfante une chimère et une fausseté, un fruit réel et vrai ». Les différentes formes de dialogue argumentatif permettent-elles de distinguer ainsi le vrai ou faux, de dissiper les illusions ou les préjugés pour faire advenir une vérité ? (...)
[...] Du dialogue avec autrui au dialogue avec soi-même : 1. La mise en scène de l'ambivalence intime : théâtral ou philosophique, le dialogue permet souvent d'exposer les facettes contradictoires d'un personnage en lequel se projette éventuellement l'auteur : voir les dialogues entre Octave le débauché et le sentimental Coelio dans les Caprices de Marianne de Musset, ou les brillants paradoxes énoncés dans le Neveu de Rameau de Diderot Le dialogue entre l'individu et sa conscience : certains dialogues équivalent à des monologues intérieurs où le je s'entretient avec l'autre qui est en lui (formule de Maupassant dans Pierre et Jean), sa conscience, son propre juge, ses scrupules ou sa muse poétique. [...]
[...] Dans le Théétète, Platon fait ainsi dire à Socrate que son art du dialogue rend capable de discerner à coup sûr si l'esprit du jeune homme enfante une chimère et une fausseté, un fruit réel et vrai Les différentes formes de dialogue argumentatif permettent-elles de distinguer ainsi le vrai ou faux, de dissiper les illusions ou les préjugés pour faire advenir une vérité ? Certes, le dialogue constitue une efficace mise à l'épreuve des opinions qui permet souvent une réflexion authentique. [...]
[...] Dialectique, polémique ou manipulateur, le dialogue est en tut cas le miroir de nos relations à autrui ou avec notre propre conscience. Le dialogue, une mise à l'épreuve des opinions Le dialogue permet de révéler et de récuser des préjugés : voir l'entretien avec la maréchale de Diderot (en s'inspirant du modèle socratique, le philosophe met en question le fondement des croyances religieuses de son interlocutrice et lui démontre qu'un athée peut être vertueux), l'extrait des Nouveaux dialogues des morts de Fontenelle (Molière défend la comédie contre les critiques mal fondées de Paracelse), le passage de Corydon de Gide (le médecin réfute les préjugés à la fois homophobes et xénophobes de l'opinion courante incarné par son interlocuteur) ; Qu'il soit didactique (=l'un des interlocuteurs maîtrise un savoir qu'il fait découvrir à l'autre) ou dialectique (=les deux interlocuteurs, sur un pied d'égalité, raisonnent pour résoudre ensemble une question), le dialogue encourage à penser par soi-même et à découvrir des idées nouvelles. [...]
[...] Voir l'antagonisme non résolu des interlocuteurs dans l'extrait de l'Entretien d'un père avec es enfants de Diderot, le Dialogue entre un prêtre et un moribond de Sade, les dialogues entre Antigone et Créon dans Antigone d'Anouilh (par exemple le passage relatif aux conceptions opposées du bonheur). La duplicité, l'hypocrisie, le désir d'emprise peuvent se manifester dans le dialogue qui devient alors un art de la manipulation : triomphe de la mauvaise foi et du pouvoir des forts dans Le Loup et l'Agneau de la Fontaine, séduction libertine dans la Nuit et le moment de Crébillon fils, hypocrisie perverse du Tartuffe de Molière. [...]
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