Atteint dans la fleur de l'âge, à 20 ans, emporté par la fièvre typhoïde, Raymond Radiguet nous a laissé une oeuvre magistrale, empreinte d'une sensualité et d'une force poétique sans précédent dans la littérature française. Le Diable au corps, dont le sous-titre pourrait être "Manifeste du Désir", s'inscrit dans la lignée de la littérature symboliste, engagée avec Baudelaire, Verlaine et surtout Rimbaud à la fin du XIXème siècle mais garde, et ceci est important, des aspects propres à la littérature romantique. Mais Le Diable au corps, ce n'est pas seulement cela. Cette oeuvre contient également en elle toute la fougue et toute la révolte de la jeunesse de ce début de XXème siècle, cette souffrance intérieure, couplée à un désir de vivre l'instant présent, de « croquer la vie à pleines dents ».
Loin de vouloir inscrire cette oeuvre dans un genre clos (car, nous le savons bien, la notion de genre littéraire reste délicate, en particulier au XXème siècle), il s'agit de dégager toute la vivacité de cette oeuvre et ce qui fait sa qualité littéraire.
[...] Il semble bien plus en prendre la défense. Le désir est présent dans chacune des pages du roman, et notre jeune romancier le fait ressentir au plus profond de nous-mêmes, avec une poésie exceptionnelle. Nous désirons avec François, sans réflexion, avec toute la spontanéité et toute la force qui anime un jeune homme de quinze ans. Les manifestations du désir ardent qui pousse notre jeune homme sont superbement décrites par Radiguet. Quel plus bel exemple que celui-ci : toutes caresses qui ne sont pas, comme on croit, la menue monnaie de l'amour, mais au contraire, la plus rare, et auxquelles seule la passion puisse recourir Et c'est bien ce terme de passion qu'il faut employer, plus cher à Radiguet que celui d'amour, comme une chose incontrôlable, un démon sortant de ses tripes. [...]
[...] Mais il y a aussi toute une critique de l'école, qui apparaît comme une privation des libertés les classes m'avaient toujours été un supplice ainsi qu'une remise en cause de la famille et de certains principes comme celui du mariage, nous le verrons avec le personnage de Jacques, le mari de Marthe, la femme qu'il rencontrera plus tard. C'est aussi un personnage qui utilise le mensonge, sans vergogne, et avec une très grande habileté. Notre jeune homme est très solitaire et n'a, pour ainsi dire, qu'un seul ami, René, avec lequel il partage une certaine maturité, tant intellectuelle que sexuelle. Puis arrive le printemps 1917, un dimanche d'avril. Une rencontre somme toute banale au premier abord, qui ne laisse pas véritablement présager de suite. [...]
[...] Combien de critiques n'y ont vu qu'une œuvre moralisante, un simple appel à la raison. Je ne partage pas cet avis. Bien au contraire, Radiguet fait voler en éclat tout ce qui a trait aux principes et aux règles, avec beaucoup d'humour. La mort de Marthe est racontée avec une étonnante froideur qui se justifie par ce discours à l'encontre des conventions. En effet, c'est après la naissance de son enfant, lorsqu'elle acquiert le statut social de mère, qu'elle meurt subitement. Doit-on y voir une œuvre testamentaire de Radiguet ? Peut-être. [...]
[...] Etrange conclusion que celle-ci ? Pourquoi cette mort ? Pourquoi cette dernière parole du roman qui résonne comme un appel à la raison ? Ne faut-il pas plutôt y voir à nouveau cette révolte qui anime le jeune François mais qui anime aussi et surtout Raymond Radiguet ? Ne nous y trompons pas. C'est là qu'est toute la puissance littéraire de Radiguet : nous faire prendre des vessies pour des lanternes, s'amuser avec le lecteur, le conduire sur sa propre voie, tout en faisant mine de l'en détourner. [...]
[...] Mais Le Diable au corps, ce n'est pas seulement cela. Cette oeuvre contient également en elle toute la fougue et toute la révolte de la jeunesse de ce début de XXème siècle, cette souffrance intérieure, couplée à un désir de vivre l'instant présent, de croquer la vie à pleines dents Loin de vouloir inscrire cette oeuvre dans un genre clos (car, nous le savons bien, la notion de genre littéraire reste délicate, en particulier au XXème siècle), il s'agit de dégager toute la vivacité de cette oeuvre et ce qui fait sa qualité littéraire. [...]
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