Les lais de Marie de France, composés durant la deuxième moitié du XIIème siècle, proposent une écriture courtoise à la rencontre de l'imaginaire merveilleux celtique et le code de la fin'amor.
Le merveilleux se fait très présent dans l'œuvre de Marie de France. Ainsi le lai de Lanval met en scène un héros éponyme en quelque sorte exclu de la société, qui rencontre une fée prodigue qui se propose de faire son bonheur et sa fortune. Répondant au schéma tripartite dit de type Mélusinien par Laurence HL. Le récit se compose de trois temps : 1 rencontre du mortel et de la fée, 2 pacte assurant l'opulence et le bonheur du héros, 3 violation du pacte entraînant le départ de l'aimée.
Ce lai renvoie également au schéma de l'exaltation de l'amour grâce à une fée sans y souscrire totalement: la reine est souvent l'élément déclencheur quand elle inflige des avances insupportables, elle est alors le point de départ qui structure la vie amoureuse du chevalier. Ici si on décèle bien une intervention de la Reine, ce n'est qu'après la rencontre avec la fée.
Le récit se noue autour du personnage de la femme fée, alors que celle-ci n'est que peu présente en personne au cours de la diégèse. Nous chercherons donc à mettre en évidence les stratégies narratives déployées au service de la magnification de la femme fée. Nous soulignerons une économie de la description sans cesse repoussée en nous appuyant sur le phénomène de la gradation.
La description sera donc abordée comme apothéose, acmé de la tension narrative
[...] Cette nouvelle intervention est l'occasion d'un second portrait. De même que le premier, il met en avant le faste du vêtement : près du corps, laissant transparaître les formes de celui-ci. Le narrateur passe naturellement à une description du corps, plus détaillée cette fois ci, puisque les différentes parties sont non seulement mentionnées mais aussi accompagnées chaque fois d'un adjectif qualificatif propre. Ainsi les hanches sont basses, les yeux lumineux Chaque couple de termes souscrit au topos de la beauté médiévale et l'association des parties du corps et des caractéristiques qui y son attachées, est sans surprise. [...]
[...] La description sera donc abordée comme apothéose, acmé de la tension narrative. Une entrée en scène longuement préparée La scène de la rencontre topos romanesque jalonnant les récits, est propice à la description du personnage féminin. Mais ici la rencontre et l'apparition de la figure féminine est sans cesse retardée par la venue d'émissaires qui donnent à voir métonymiquement un aperçu de la femme fée, et contribuent ainsi donner toute son intensité à l'attente. un cadre qui annonce la rencontre merveilleuse Marie de France met savamment en place les éléments qui prédisposent l'apparition du surnaturel. [...]
[...] Les merveilles de la composition de la tente préfigurent celles de la belle qui s'y cache. Ainsi, avant de s'intéresser à celle qui l'habite, le texte s'attarde sur des éléments du décor, sur la description de la tente. La tente est une enveloppe mystérieuse, un cadre voluptueux. Le développement qui précède la rencontre avec la fée permet de faire monter la tension sensuelle à travers la description teintée de merveilleux de cette toile protectrice. Le fait que cette tente dépasse en grandeur celles des rois bibliques ou mythiques permet de confirmer la supériorité de celle qui y repose. [...]
[...] On peut ajouter que la jeune femme apparaît ici immobile et étendue, signe de disponibilité ou de passivité, qui n'est sans doute qu'apparente et intégrée dans la stratégie bien réfléchie de séduction. En effet, la fragilité apparente du corps est souvent trompeuse, c'est une ruse de l'amante surnaturelle pour conquérir celui sur qui elle a jeté son dévolu. deuxième description Ja departissent a itant, Quant par la vile vint errant Tut a cheval une pucele. En tut le secle n'ot plus bele ! (v547-550) [ ] Ele iert vestue en itel guise De chainse blanc e de chemise Que tuz les costez li pareient, Ki de deus parz laciéz esteient. [...]
[...] Si habituellement c'est la voix du narrateur auteur qui prend en charge les pauses descriptives, ce sont ici la majorité des personnages qui prêtent leur voix ou leur regard à l'évocation de la fée, à un moment où à un autre. Cette multiplication des focalisations renforce la suprématie de la fée. Description du regard porté par les autres personnages sur la fée La multiplicité des points de vues (régis par l'auteur créateur) portés sur la fée donne à voir la beauté de celle-ci à travers le prisme (artificiel) de différents points de vues et concourre à intensifier l'admiration portée à la fée. Il l'esgarda, si la vit bele. [...]
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