La mise en scène théâtrale est pluridimensionnelle. Hormis l'attention particulière portée sur le jeu des comédiens, décors et costumes ont une importance considérable. Ils jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue de la pièce, mais participent aussi à l'originalité de celle-ci dans le paysage théâtral. En ce sens, la présence des didascalies est très précieuse, pour les comédiens comme pour le metteur en scène. Dans le Balcon, de Genet, et la Mission, de Müller, les personnages ne cessent de se déguiser. Considéré comme un artifice destiné à cacher la vérité, le déguisement est porté par les personnages à plusieurs reprises pour qu'ils se mettent en scène comme personnages, faisant de ces deux pièces des successions de mises en abymes liées les unes aux autres plus ou moins explicitement. Cette profusion de déguisements conduit à se demander pour quelles raisons les personnages ressentent le besoin de se cacher pour agir.
Si les personnages changent d'apparence à plusieurs reprises dans les deux pièces, ne serait-ce pas pour se voiler la face et agir plus librement ? D'autre part, le déguisement permettrait aux protagonistes des deux pièces de ne pas perdre la face selon la situation dans laquelle ils se trouvent. Et enfin, se déguiser serait une façon de se révéler à la face du monde en dénonçant et en usant des travers de celui-ci.
[...] Le déguisement ne montrerait- il pas également les fantasmes et les vices de toute une société basée sur l'apparence ? Le déguisement serait alors un moyen pour les clients de transgresser les images sacrées de la société. C'est en ce sens que Michel Corvin et Michel Pity insistent sur la fausseté ambiante dans la pièce : Les trois piliers de l'imaginaire et du faux se fondent, chez Irma, en une seule architecture : le bordel est le faux-semblant de l'amour, le théâtre est le faux-semblant du réel, le scénario des clients est le faux- semblant d'un identité usurpée. [...]
[...] La mise en scène du déguisement se retrouve aussi dans le Balcon. Dans le troisième tableau, la Fille va aider le Général à se déshabiller, puis à s'habiller en général (p. 45). Le jeu de mot sur Général général à entendre comme homme, fonction et locution adverbiale contribue à la mise en scène du déguisement : les personnages sont complices de leurs changements d'apparence, phénomène généralisé à tous les protagonistes de la pièce. L'exposition de la Mission place aussi le déguisement au niveau de la performance du comédien : quand Marin rapporte les dernières paroles de Galloudec à Antoine, elles sont en majuscules dans le texte. [...]
[...] Irma s'en rend compte dans le cinquième tableau quand elle avoue : Je ne joue plus. Ou plus le même rôle si tu veux. (p. 77). L'illusion théâtrale est rompue puisqu'Irma dit elle-même qu'elle change de rôle. Est-elle vraiment la patronne du bordel ou joue-t- elle ce rôle ? Selon Carmen, la réussite d'Irma et de sa maison d'illusion repose sur la crédibilité. Les scénarios des clients dissimul[ent] au monde. (p. 67). Sans crédibilité ou vraisemblance, le mécanisme de l'illusion serait démonté, et les scénarios impossibles jouer. [...]
[...] Le déguisement chez Genet et Múller La mise en scène théâtrale est pluridimensionnelle. Hormis l'attention particulière portée sur le jeu des comédiens, décors et costumes ont une importance considérable. Ils jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue de la pièce, mais participent aussi à l'originalité de celle-ci dans le paysage théâtrale. En ce sens, la présence des didascalies est très précieuse, pour les comédiens comme pour le metteur en scène. Dans le Balcon, de Genet, et la Mission, de Müller, les personnages ne cessent de se déguiser. [...]
[...] Le déguisement fait partie de sa création de dramaturge car il est crucial dans l'établissement de la persona du protagoniste. Le maquillage intervient comme complément du vestimentaire. Dans la Mission, PremierAmour est maquillée pendant qu'elle est sur le plateau. Le maquillage est ainsi théâtralisé : Une esclave lui peint une grande bouche ( ) lui maquille les mamelons ( ) lui peint un cœur bleu ( ) (p. 20). Vêtements et maquillage sont complémentaires chez Müller, pas chez Genet. Le déguisement ne serait pas complet sans le masque. [...]
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